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Porsche rit! Kerber, la nouvelle numéro 1 du tennis mondial affiche, quand elle joue, une énorme réclame pour la marque allemande sur son poitrail de vainqueur. Angélique de son prénom, tout pour plaire! Mais, au delà du clinquant, que va-t-elle en faire, cette dame, de son joli joujou?
«Ah la voiture! C'est la chose que je regrette! C'était beau!». Peu avant sa mort, j'étais allé voir un très vieil oncle. Vingt ans après, ce sont ces paroles profondément nostalgiques qui de lui me sont restées.
En 1950, la voiture, c'était le rêve. On pouvait aller partout dans nos pays, dans les plus beaux endroits, on était libre, comme les rois dans leur carrosse. Merveille au départ. Objet qui faisait rêver.
Puis objet paradoxal. « Le rêve du siècle dernier est devenu le piège de l'actuel», dit un commentateur. Car maintenant, la voiture, quoi de plus banal, quoi de plus courant, quoi de plus indispensable, quoi de plus indiscutable? Elle est partout.
Mais le sujet a toutes les apparences d'un tabou. On peut en discuter les inconvénients, éventuellement, mais c'est pour aussitôt trouver les aménagements qui vont lui accorder une place plus grande encore, qui vont confirmer son statut de création incontournable et universelle.
Mettre en question son existence ne semble pas imaginable. «La voiture est un secteur majeur dont la croissance est constante», clame une agence de publicité. La voiture, c'est selon, donc. Cauchemar indispensable ou bonheur des inconscients. Un vivant paradoxe, résumé de toute la civilisation occidentale moderne.
Et son avenir? Poser la question, revient à poser la question de l'avenir de notre mode de vie, de notre civilisation.
C'est la course folle au pétrole. Mais pas seulement. C'est la course folle à la voiture à piles, à la «voiture propre». Et c'est des montagnes de pollution et des montagnes de bruit. Des montagnes de garages et de parkings souterrains, et de routes, et de bouchons et de carcasses, et de réchauffement climatique.
À l'heure actuelle, on en a un milliard de par le monde, on nous en promet trois ou quatre fois plus pour 2050. Logique: en Chine, en Inde, et partout ailleurs, pourquoi les gens ne voudraient-ils pas eux aussi tous leur voiture? Et quand on fait la véritable addition, tout ça, ça fait combien de milliards d'épaves ?
Alors le futur? Tapez «Voiture du futur» sur Internet, vous allez y découvrir des merveilles. La voiture du futur est intelligente, elle roule toute seule, évite les obstacles, elle vous propose itinéraires, musiques et divertissement. Et puis elle ne fait pas que rouler. En 2025, elle vole. On s'y croirait déjà.
«Janvier 2030. Il a neigé sur Montréal et le thermomètre affiche -10°C. Une voiture attend en bas de chez vous. Le chauffage s’est mis en route à distance, anticipant votre arrivée. Dans l’habitacle, il fait 20°C. Vous prenez place à bord et vous vous mettez au travail sur une tablette. Une voix vous demande de confirmer votre itinéraire. Sans un bruit, cette auto à propulsion électrique se dégage du banc de neige et se fond dans le trafic. Pas de feux de circulation ni d’embouteillage, le mouvement se régule tout seul sur des voies sécurisées permettant de surcroît la recharge des véhicules électriques. Dix minutes plus tard, vous voilà à destination. La voiture se dirige vers d’autres utilisateurs…» (Citation tirée du site «Protégez-vous»).
Ça, c'est pour la voiture du futur. Mais sur le futur de la voiture, rien. On dirait que la marche du monde se fait de façon linéaire et immuable. Or, bien sûr, le futur de la voiture s'inscrit dans un contexte global. Faire des projections sur des dizaines d'années comme c'est assez fréquemment le cas depuis quelque temps est d'une incroyable naïveté. Ce que sera le monde ne serait-ce que dans cinq ans, dans dix ans, on ne le sait pas.
Nous sommes dans un monde qui vit la tête dans le sac. Sur un vaisseau piloté par une poignée de vieillards inconscients et une bande de jeunes loups fous qui bouffent tout.
Dans le vaisseau, il y a tout en bas l'immense étage de la misère, et puis à chaque étage, ça va un peu mieux. Tout en haut, le poste de pilotage avec des hommes et femmes en costumes de militaires et en cravates de managers et politiciens. Ces pilotes, où nous mènent-ils? Ils ne le savent pas. Nulle part. Ils avancent, comme les voitures dessinées par les futurologues, qui n'ont ni devant ni derrière. Ils avancent là où ils pensent qu'il y a quelque chose à prendre.
Que dire, que faire? La voiture, pour moi, c'est aussi un symbole de perplexité devant toutes ces choses du monde qui n'ont pas de réponse, pour lesquelles l'homo sapiens n'a plus de réponses.