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Parfois, il me semble que je répète toujours la même chose: la société a été conçue par et pour les hommes, et les femmes ont toutes les peines du monde à y trouver leur place. Certes, elles peuvent continuer à envisager la vie dans le mariage, le foyer et l’éducation des enfants, obéissant à une tradition millénaire qui ne menace pas la virilité des hommes.
Les femmes ont obtenu le droit de vote au XXe siècle seulement, après de longues luttes et un certain nombre de mortes, dont la plus symbolique est celle d’Olympe de Gouges, guillotinée à Paris le 3 novembre 1793, à 45 ans, notamment pour avoir rédigé la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. On ne supportait pas l’idée que les femmes aient les mêmes droits que les hommes. Et cela dura! Le Code Napoléon est un monument de misogynie, les filles ne recevaient pas la même éducation que les garçons, l’accès à l’université leur était interdit.
Avec l’obtention du droit de vote féminin (1919 en Allemagne, 1944 en France, 1971 en Suisse), on a pu penser que l’essentiel avait été obtenu. Il est vrai que grâce à ce droit, le premier de tous, les femmes ont pu disposer de leur fortune, ouvrir un compte, avoir le droit de garde de leurs enfants, travailler sans l’assentiment du mari, etc. On leur a même reconnu le droit de disposer de leur corps, en légalisant le planning familial et l’avortement (1975 en France, 1995 en Allemagne, 2002 en Suisse) et en reconnaissant le viol conjugal.
Aujourd’hui, dans les pays occidentaux, les femmes peuvent étudier, embrasser toutes les carrières, faire de la politique, jusqu’au plus haut niveau. Apparemment, il n’y a donc plus de problèmes. «Mais qu’est-ce qu’elles veulent?» est le titre d’un film de Coline Serreau sorti en 1978. Elles veulent l’égalité en droit et dans les faits!
Parce que, malgré les progrès réalisés, les femmes sont encore et toujours discriminées. Cela commence à l’école, dont les manuels restent sexistes, et continue à l’âge adulte. Elles assument 80% des tâches ménagères et éducatives, exercent majoritairement un emploi à temps partiel (6 femmes sur 10 contre 1,6 hommes sur 10 en Suisse), ce qui a une lourde incidence sur les retraites, et elles gagnent toujours 20% de moins que les hommes. Dès qu’elles veulent monter dans la hiérarchie, elles se heurtent au «plafond de verre», elles doivent être meilleures que les hommes, sont davantage critiquées, souvent moquées, voire humiliées, comme au temps des premières suffragettes.
Le harcèlement sexuel au travail est un fléau dont les entreprises commencent à mesurer le poids; la violence envers les femmes, dans les lieux publics comme privés, un malheur qui les détruit et met en danger la société. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) indique que 35% des filles et femmes sont exposées à une forme de violence physique et/ ou sexuelle au cours de leur vie; or 86% des viols ou tentatives sont perpétrés par des proches et seulement 10% des victimes portent plainte. En outre, 720 millions de filles sont victimes de mariages précoces… La liste n’est pas exhaustive.
Alors? Il reste encore beaucoup, beaucoup de travail pour que les femmes et les hommes soient égaux en droit et dans les faits, et pour construire une société juste.
Huguette Junod
écrivaine, chroniqueuse