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Selon un article de ATE Magazine, il y a actuellement 3,9 millions de pendulaires en Suisse. 19% entre différents cantons, 51% entre différentes communes mais à l’intérieur du canton de domicile, et 30% à l’intérieur de la commune de domicile. Depuis 1990, ce dernier chiffre a sensiblement diminué, passant de 41% à 30%.
Pourquoi une telle pendularité? Tout d’abord parce que le marché du travail est centré sur des pôles de compétences et des entreprises qui recrutent dans un périmètre toujours plus large. Ensuite parce que l’offre immobilière est inaccessible autour de ces centre économiques; de plus, les couples ayant des enfants refusent de se déraciner pour des raisons professionnelles.
Comme le dit Vincent Kaufmann, professeur de sociologie urbaine à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, les travailleurs, avec l’amélioration de l’offre et l’accroissement des vitesses, sont incités à adopter une mobilité flirtant avec les limites du raisonnable.
A son avis, le système des transports suisse fonctionne de plus en plus comme celui d’une grande région urbaine. «Ce qui me dérange, précise-t-il, c’est que cette réalité sur le terrain n’est pas du tout posée politiquement. Il ferait sens de se demander: quelle Suisse voulons-nous demain? Veut-on continuer à renforcer le flux des voyageurs, et ainsi créer une seule grande région urbaine de Genève à Saint-Gall? Ou alors souhaite-t-on maintenir une diversité à plus petite échelle? Actuellement, la politique des transports produit une Suisse pas débattue du tout – ce qui est regrettable.»
Que faire alors pour diminuer les bouchons et les encombrements, surtout aux heures de pointe? Développer les infrastructures? C’est une solutions peu écologiques et impossible à réaliser car le territoire suisse n’est pas extensible à souhait: les transports représentent aujourd’hui déjà un tiers des surfaces aménagées de notre pays. Il convient dès lors de privilégier une démarche «anti-heures de pointe» en utilisant à meilleur escient les capacités actuelles du rail et de la route.
La piste la plus souvent évoquée consiste à modifier les habitudes quotidiennes de mobilité en introduisant des horaires de travail beaucoup plus souples. Une plus grande flexibilité dans l’organisation du travail permettrait de faire un usage plus homogène de l’infrastructure des transports. Autre possibilité: encourager le télétravail, c’est-à-dire effectuer à domicile tout ou partie de son activité professionnelle.
Vincent Kaufmann n’est pas forcément d’accord avec ces solutions. Pour lui, le fait de pouvoir travailler un jour ou deux par semaine à domicile, ou de ne pas devoir commencer chaque matin à 8 heures tapantes, encourage encore plus à penduler, au lieu de déménager. «Car, souligne-t-il, dans ces conditions, la distance entre les lieux d’habitation et de travail n’est pas perçue comme un facteur contraignant.»
Conclusion logique: il faut trouver des solutions pour que les gens travaillent plus près de chez eux. Il n’est pas logique par exemple que des dizaines de milliers de Genevois se rendent chaque jour dans le canton de Vaud et que des dizaines de milliers de Vaudois aillent travailler à Genève. Le problème de la pendularité n’est pas près d’être résolu et provoquera encore longtemps des immenses pertes de temps et de gigantesques atteintes à l’environnement.