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La voiture a été un succès extraordinaire, dépassant toutes les prévisions. Elle s’est transformée en témoin de la réussite sociale, en signe de totale liberté, en instrument phare des loisirs et, bien sûr, le moyen le plus rapide pour aller travailler et un droit pour chacun de posséder une voiture la plus belle possible. Dans les années 70, c’était le règne de l’auto-objet, signe d’une plus grande qualité de vie. Pour une certaine partie de la population, cela reste vrai aujourd’hui, légitimant donc le fait de réclamer routes, autoroutes et places de parc comme un droit naturel.
Or aujourd’hui, la voiture a du plomb dans l’aile, car son succès tourne au cauchemar. Des embouteillages monstres, la pollution, le bruit, le coût de l’énergie, le coût de la voiture (près d’un franc le kilomètre si l’on compte juste), l’entretien et les réparations, des lois de la circulation restrictives, le coût du permis, des constructeurs qui trichent quant au niveau de pollution des moteurs, la diminution des places de parc, le coût d’un garage en ville, bref la valeur de la voiture diminue tandis que celle des transports publics et de la mobilité douce augmente.
Plus un symbole de liberté
On constate que bon nombre des jeunes dans les grandes villes n’ont plus de voiture, que près de la moitié d’entre eux ne passent plus le permis de conduire (entre 1994 et 2010, la proportion de conducteurs âgés de 18 à 24 ans est passée de 71 à 59 %). Pour eux, la voiture a simplement perdu son symbole de liberté. C’est vrai que ce n’est pas le cas pour tous. Pour certains, la voiture représente encore un idéal de liberté, le statut social, etc. Pour ces derniers, ce sont plutôt des facteurs de précarisation économique qui limitent ou retardent l’acquisition d’un véhicule.
Autre constatation peu réjouissante, le nombre de voitures de tourisme augmente encore d’année en année en Suisse (4.46 millions en 2015). Cela est dû au vieillissement de la population: il y a davantage de personnes âgées qui continuent de rouler. Néanmoins, à Lille et à Genève, 42% des ménages n’ont plus de voiture, et 55% à Bâle.
Il y a environ 4.5 millions de voitures de tourisme en Suisse avec 80% de personnes ayant le permis. Si ce nombre dans 30 ans descend à 40%, cela pourrait vouloir dire qu’il n’y aura plus que 2.2 millions de véhicules en circulation. Ce chiffre pourrait être encore plus bas si l’on prend en compte le succès des locations style Mobility, le covoiturage et les taxis bas prix. De plus, les succès des transports publics et la mobilité douce vont aussi aller dans le même sens de réduction du nombre de voitures. Si bien qu’à l’aube de 2050, on pourrait avoir deux fois moins de voitures qu’aujourd’hui.
La voiture à essence et diesel condamnée
Les constructeurs de voiture sont certainement très conscients de cette tendance lourde. Et ils vont tout faire pour la freiner et la contrer. Ils sont conscients qu’à l’horizon 2050, le manque de pétrole condamne la voiture à essence et diesel. C’est ainsi qu’ils misent sur la voiture tout électrique, considérée comme très écologique, et la voiture autonome. Une voiture autonome est un véhicule automobile capable de rouler sans intervention d'un conducteur, ceci en toute situation dans le trafic réel.
La voiture électrique a pour elle zéro émission de CO2 (pour autant que l’électricité soit produite de manière renouvelable) et zéro bruit. C’est une petite voiture, qui pourrait être légère s’il n’y avait pas les batteries. Ces dernières sont le point noir peu écologique des voitures électriques: très lourdes, très chères, beaucoup d’énergie de fabrication et une durée de vie bien courte. Finalement, l’énergie de fabrication d’une voiture électrique y compris les batteries est au moins celle d’une voiture à essence. Considérant que l’énergie de fabrication est à peu près égale à l’énergie d’utilisation durant toute la vie du véhicule, on peut en conclure que le caractère dit écologique de la voiture électrique est un peu usurpé. Il est donc douteux que la voiture électrique soit un grand succès.
Quant à la voiture autonome, que chaque constructeur de voitures développe aujourd’hui, elle constituera une nouvelle évolution qui va plutôt dans le sens de la réduction du nombre de voitures. En effet, pourquoi posséder une voiture autonome? Ne sera-t-il pas plus agréable de l’utiliser comme un taxi autonome, pour se défaire des frais d’entretien et de ne pas avoir à trouver une place de parc. C’est ce que sont en train de faire Uber et Google. Un taxi autonome pourrait remplacer des dizaines de voitures individuelles qui ne roulent que 4% du temps. Cela va aussi dans le sens de la réduction du nombre de voitures.
Favoriser la mobilité collective
Une autre évolution qui peut contribuer à faire diminuer le nombre de voitures est l’utilisation du vélo électrique pour remplacer la voiture, ce qui est une ambition du Danemark, où la part cycliste (traditionnel et électrique) est déjà de 35% des déplacements à Copenhague.
Avec deux fois moins de voitures qu’aujourd’hui à l’horizon 2050, comment organiser la mobilité? Cela motive spécialement une association comme l’ATE qui prône l’utilisation des transports publics ainsi que la mobilité douce, soit le vélo et la marche. C’est ainsi que chaque personne, pour un déplacement, utilisera une combinaison de moyens de transport comportant la voiture (autonome), les transports publics, le vélo et la marche.
Cela aura une profonde répercussion sur les infrastructures de transport, avec trop de routes et de places de parc comparé à la situation actuelle, mais pas assez d’infrastructures ferroviaires, de pistes bus et de pistes vélo. Tenant compte de cette évolution, il serait sage sur le plus strict plan économique d’arrêter de vouloir supprimer des bouchons sur nos routes et autoroutes en construisant des contournements routiers (Gothard, H20, H18). C’est bien là le combat que mène l’ATE.
Christian Piguet,
co-président ATE section Neuchâtel