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Dans le courant de l’automne dernier, le Département fédéral de la défense a distribué une boîte de comprimés d’iode (iodure de potassium 65 AApot) à tous les habitants vivant dans un rayon de 50 kilomètres d’une centrale nucléaire suisse. Dans la lettre envoyée aux personnes concernées, il était précisé sans ironie: à titre préventif et gracieux.
Pourquoi cet envoi? Le message de l’Armée est précis à ce sujet: « En cas d’incident survenant dans une centrale nucléaire avec fuite de substances radioactives, ces comprimés empêchent l’accumulation d’iode radioactif dans la glande thyroïde ». Les irradiés de Tchernobyl et de Fukushima ont été moins bien traités!
Quelques jours plus tard, une feuille signée par le Service d’approvisionnement en iodure de potassium mettait en garde la population. Sous le titre «Informations complémentaires importantes sur la distribution de comprimés d’iode», elle disait notamment:
« Les comprimés d’iode ne permettent pas d’assurer une protection totale contre les conséquences d’un accident nucléaire. Ils ne font que vous protéger pour un certain temps contre l’iode radioacif qui serait libéré dans l’atmosphère en cas d’accident. Toutefois d’autres substances radioactives, telles le césium ou le strintium, aptes à provoquer le cancer ou la leucémie, peuvent être libérées. La prise d’iode ne vous protégera pas contre ces substances. Suite à un accident nucléaire, la nourriture et l’eau potable peuvent être fortement contaminées par la radioactivité, même à très grande distance du réacteur nucéléaire touché. Actuellement, nul ne sait comment traiter cet état de fait. Les comprimés d’iode ont la meilleure efficacité si on les prend juste avant le passage d’un nuage radioactif. Toutefois, nul ne peut garantir que l’information correspondante se fasse en temps opportun. »
Le lendemain, les journaux annonçaient que ces informations n’émanaient pas du Service d’approvisionnement en iodure de potassium mais de l’organisation Greenpeace qui avait procédé à une habile imitation de la circulaire de la Confédéation. Une facétie qu’on peut admirer, d’autant plus que les renseignements fournis sont absolument exacts.
Dans sa conclusion, Greenpeace affirme: «Nous souhaitons souligner que la mise hors service des cinq centrales nécléaires suisses garantirait une protection bien plus efficace contre tout risque nucléaire que les comprimés d’iode. Toutefois, jusqu’à présent, le Parlement suisse a refusé de limiter la durée d’exploitation des centrales nucléaires.»
« Bien protégé en cas d’urgence » dit le Département fédéral de la défense. Nous répondons: « Une protection totale passe par l’abandon des centrales nucléaires ».