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«L’envers du décor» est un document pour l’histoire. C’est un témoignage accompagné d’archives et d’une abondante documentation inédite. Aujourd’hui la question de l’asile est au cœur des débats en Suisse. Ce livre fait retour sur les années 1980 marquées par les premières arrivées, sans précédent, d’un très grand nombre de candidats à l’asile.
Débordés par cet afflux, les cantons expérimentèrent diverses formes d’accueil et d’assistance. Certains confièrent une partie de ces tâches à des œuvres d’entraide laïques (Croix-Rouge), ou à des institutions caritatives d’obédience confessionnelle. Le large financement de cette assistance par la Confédération créa un effet d’aubaine. Il suscita des rivalités aussi vives que souterraines parmi certaines associations caritatives «bien sous tout rapport».
Fribourg fut l’unique canton suisse à mandater une seule institution pour s’occuper de l’ensemble des questions liées à l’asile: la section fribourgeoise de la Croix-Rouge. Ce canton fut un exemple aussi éloquent qu’inavouable de ces dérives. Cette concurrence dévoyée pour l’octroi de la manne fédérale se dissimula au regard de l’opinion publique sous une rhétorique «hautement» humanitaire. De vertueux humanitaires désirant obtenir à tout prix le partage de ce mandat n’hésitèrent pas à recourir au mobbing de la responsable de ce service.
Très vite, ces pratiques occultes contribuèrent à l’instauration d’un climat délétère. S’ensuivirent de multiples tentatives de déstabilisation des nouvelles structures d’accueil créées ex nihilo, des personnes engagées, des requérants d’asile. Ces pressions en tout genre, accompagnées de manipulations politiques diverses, d’articles calomnieux dans la presse, ont fragilisé ce service mis sur pied dans l’urgence.
C’est pourquoi un autre élément important est mis en évidence dans ce récit: le rôle ambigu que la presse et les médias ont joué. Le livre retrace les dérives les plus graves de certains journalistes qui contribuèrent au pourrissement de la question de l’asile. Soucieux de déontologie, un seul journaliste mena des enquêtes approfondies sur le terrain.
L’enjeu de cet ouvrage est de contribuer à l’écriture de l’histoire au plus près des faits advenus durant cette période et par conséquent de dénoncer la fabrication par l’institution d’une histoire officielle hagiographique.
L’auteure Serèn Guttmann, sociologue de formation, connaît bien ce dossier. À l’époque, elle a activement participé aux opérations d’accueil et d’assistance. Durant quatre ans elle a occupé à la Croix-Rouge fribourgeoise le poste de directrice de ce tout nouveau Service social.