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Le livre de Janine Massard intitulé Terre noire d'usine avait été publié par les Editions de la Thièle à Yverdon-les-Bains, en 1990. Voici qu'il est réédité en collection «Poche» chez Bernard Campiche. Les premiers souvenirs de Jacques, le narrateur, remontent à l'an 1916, lorsque les chevaux et les paysans ont été réquisitionnés par l'armée. C'était le temps des dragons. Les vaches étaient dans les champs et seuls les femmes et les enfants tentaient de maintenir la paysannerie en état de fonctionner. L'industrie s'installait peu à peu. Ainsi la fabrique de cigares Vautier à Yverdon qui connut une des premières grèves, bientôt suivie par celle des chocolatiers à Vevey, puis celle des typos et enfin la grève générale maîtrisée par la troupe. Les ouvriers demandaient de meilleures conditions de travail, les patrons ne voulaient pas en entendre parler. Comme on le voit, rien n'a vraiment changé!
La paysannerie de plus en plus appauvrie, les hommes libres dans leur champ, se sont retrouvé prisonniers d'un établi, à la merci de chefs toujours plus exigeants, toujours plus gourmands. Le monde ouvrier était réduit à la soumission, à la peur de perdre un maigre gagne-pain que les femmes tentaient de compléter en élevant une ou deux poules, des lapins, en cultivant un jardin, un plantage, en économisant sur tout: habillement, nourriture, soins médicaux, etc.
Le livre de Janine Massard rappelle qu'en 1937 on voyait Oltramare et ses chemises brunes défiler à la rue de la Plaine à Yverdon. Jacques raconte son périple à travers les diverses usines de Sainte-Croix comme Thorens et «ses machines parlantes»: radios, caméras; on avait créé: les paysans horlogers, les paysans ouvriers, les paysans sans terre. «Partis de la terre légère et noire, ils vont alimenter les usines, arrachés à la tradition, jouets des circonstances de la vie», c'est ce que relève et constate l'auteure.