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Le comité rédactionnel de l’essor a visité début février un musée pas comme les autres: celui de la machine à écrire. Rencontre avec Jacques Perrier, qui s’en occupe depuis 30 ans.
Pour découvrir le royaume de Jacques Perrier, il faut avoir l’œil: son discret musée est situé dans une petite rue de Lausanne, et il faut descendre une volée d’escaliers menant à un sous-sol pour y pénétrer. Mais quel sous-sol! Allemandes, arabes, anglaises, françaises ou italiennes, une rangée impressionnante de 250 machines à écrire récompensent le visiteur de sa curiosité. Le temps s’est figé à l’époque glorieuse des Olympia, Hermès et autres Olivetti.
Ici une machine allemande de la Deuxième Guerre mondiale, là une autre aux caractères hébreux et arabe, puis une Smith Corona qui écrit en coréen et des pièces rares chinoises et japonaises... Autant de pièces surprenantes qui ramènent à une époque révolue, celle d’avant les ordinateurs, l’invention d’internet, et... la surveillance de la NSA.
«La machine à écrire, c’est bien plus qu’un engin noir avec des touches. Elle est le fruit de la réflexion de gens qui aimaient l’écriture», souligne Jacques Perrier, maître des lieux. Trente ans bientôt que ce spécialiste chérit ses machines, une passion atypique héritée de son père Charles Perrier, réparateur de machines à écrire depuis 1937. Le fils perpétue la tradition avec brio: l’un de ses engins a même figuré dans le film français «Populaire», sorti en 2012 et qui raconte l’histoire de Rose Pamphyle, dactylo prodige de la fin des années 50. Le producteur était venu exprès de Paris pour rencontrer Jacques Perrier, puis l’a invité ensuite trois mois sur le tournage pour soigner les machines à écrire.
Chronophage et coûteux, l’amour de Jacques Perrier pour ses machines à écrire n’est pas toujours facile à vivre. «Je ne reçois aucun subside, c’est donc à moi de payer la location de ces lieux qui sont trop petits pour exposer les mille pièces que je possède au total», explique-t-il en avouant que cela représente «un sacrifice financier important». Jacques Perrier rêve de trouver un endroit plus vaste pour exposer au grand jour ses belles machines à écrire. Et continuer de raconter, encore et inlassablement, l’époque révolutionnaire dont leur présence témoigne.