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Selon l’Office fédéral de la statistique, les Suisses consacrent tous les jours 90 minutes pour se déplacer. Ils utilisent surtout leur voiture (deux tiers), bien davantage que les transports publics (un quart) et les autres moyens de locomotion (à pied ou à vélo).
Depuis 1994, le trafic dû au travail a augmenté de 37%. Cela veut dire que les pendulaires sont toujours plus nombreux et qu’ils effectuent des trajets de plus en plus longs. Dans ce domaine, les employeurs portent une lourde responsabilité: je n’ai jamais compris pourquoi des dizaines de milliers de personnes font chaque jour le voyage entre Lausanne et Genève, alors que d’autres dizaines de milliers de personnes se déplacent de Genève à Lausanne. Que de kilomètres gaspillés, que de pollution qui pourrait être évitée!
La mobilité professionnelle est un maître mot du système néolibéral dans lequel nous vivons. Il ne faut pas se tromper: elle est voulue car, en allongeant le temps de déplacement, on augmente la fatigue des travailleurs et on les oblige à décompresser en s’adonnant à des loisirs passifs comme la télévision et les réseaux sociaux.
Aujourd’hui, de plus en plus de personnes ne peuvent plus rentrer à la maison pour prendre le repas de midi en famille. Elles doivent se contenter d’un repas mal équilibré sur les lieux du travail ou se ruiner en fréquentant un restaurant de bonne qualité.
Je me souviens de ce que me disait mon père. Dans les années trente, il finissait le travail le samedi après-midi (c’est d’ailleurs pour cela que les cloches du Temple du Locle sonnent à 17 heures). Lorsqu’il a achevé sa carrière, 50 ans plus tard, il terminait le vendredi à 16h30. Il estimait que sa semaine avait été beaucoup plus pénible car, si les heures de travail avaient diminué, le rythme par contre s’était accéléré et les entreprises demandaient toujours plus une augmentation de la productivité.
Si le patronat est en premier lieu responsable de la situation actuelle, on ne peut pas cacher la complicité des autorités fédérales qui, dans le cadre de la loi sur le chômage, estiment qu’un déplacement de 4 heures par jour est acceptable pour un emploi. Elles ne se rendent pas compte – ou ne veulent pas se rendre compte – qu’elles contribuent ainsi à l’augmentation de la pollution et à l’abrutissement des travailleurs.
Au XIXe siècle, à La Chaux-de-Fonds et au Locle, les horlogers habitaient dans l’immeuble où ils avaient leur atelier, tout en cultivant le jardin potager qui jouxtait leur maison. C’est d’ailleurs pour ce modèle que les deux villes des Montagnes neuchâteloises ont été inscrites au Patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco.
Il ne faut pas rêver: l’artisanat a été remplacé par l’industrie et il n’est pas possible de revenir au XIXe siècle. Mais on pourrait espérer que les entreprises construisent leurs usines là où habitent les gens et que les travailleurs évitent ainsi des déplacements longs et coûteux, synonymes de pollution et de destruction de la vie associative.