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Personne ne nous avertit, lorsque l’on vient au monde, que notre vie sera une suite continuelle de labeur. Pourtant, nous allons enchaîner des années d'école, apprentissages ou lycée, université ou hautes écoles, puis enfin, le travail; et tout ça pour quoi, pour «gagner sa vie». Chaque être humain est le fruit d’une union soit guidée par l’amour ou la passion; cette existence nous est donnée, et il faudrait la gagner? Peut-on vraisemblablement racheter une vie que l’on nous a accordée? Pourtant, quoi de plus naturel que de mettre un enfant au monde? Depuis toujours, les êtres vivants donnent la vie, une de plus parmi tant d’autres, noyée dans le grand tout de la société, offerte en pâture au service du grand rien, du «on» universellement impersonnel.
Alors pour survivre, on travaille, toujours et encore, en Suisse, ce sera bientôt jusqu’à ce que mort s’ensuive. La retraite est actuellement fixée à soixante-cinq ans; ce sera probablement septante ans prochainement, lorsque je serai en âge de prendre ma propre retraite. Notre belle jeunesse est hypothéquée, combien d’années de notre existence passerons-nous à «gagner notre vie»? Si nous avons la chance d’être en bonne santé, nous pourrons profiter des dix dernières années, puisque l’espérance de vie est de huitante ans. Qu’allons-nous faire de cet argent, en supposant que l’on puisse en mettre de côté, puisque nous n’aurons ni le temps de le dépenser, ni la possibilité d’en profiter. La mort nous emporte souvent bien avant l’heure, et l’Etat ou nos héritiers se chargent de récupérer nos économies patiemment engrangées pour des vieux jours que nous ne vivrons jamais.
Quand nous travaillons, nous ne profitons pas du temps qui nous a été octroyé sur cette Terre. Dans le meilleur des cas, nous fondons une famille, nous nous faisons des amis, mais nous ne pouvons en profiter pleinement, car le temps passé au travail est au détriment des relations familiales et amicales. Tous les jours, des couples se déchirent, des frères et sœurs se disputent un héritage, des parents battent leurs enfants. La faute à qui, à quoi, bien souvent au temps que nous prend notre travail. Epuisés, fatigués, il ne nous en reste que très peu à consacrer à l’amour. Que faire alors de notre argent durement gagné à la sueur de notre front, comment gérer la fatigue qui engendre l’impatience, et qui nous enlève toute énergie pour penser et agir raisonnablement? Paradoxalement, sans argent, la vie est impossible. Nous aimerions de loin passer plus de temps à vivre, à profiter du temps qui passe qu’à travailler, mais il faut travailler pour pouvoir vivre décemment.
Le contrat est ainsi fait: nous devons passer notre vie à travailler, puis mourir sans avoir vraiment vécu. Une question se pose: pourquoi devons-nous passer à côté de l’essentiel, de tout ce qui fait une existence digne d’être vécue? Pourquoi en serait-il ainsi? Arrêtons de travailler! Allons au bord de la mer ou à la montagne, faisons la grasse matinée tous les jours de la semaine et ne retournons plus jamais au turbin! Si nous voulons moins de travail, alors battons-nous pour ça! Le changement ne peut se faire comme par enchantement. Il faudrait que tous les jeunes se mobilisent vers ce même but: s’engager, c’est le mot-clé. J’en ai parlé autour de moi et la réponse est celle-ci: mais oui, c’est vrai, ce serait avec plaisir, c’est une excellente idée, mais nous n’avons pas le temps; nous sommes trop occupés à gagner notre vie, notre mort.