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Sommes-nous trop? Oui bien sûr, mais pourquoi? Les raisons les plus souvent citées sont la diminution de la mortalité infantile et le vieillissement de la population. Ces deux causes sont liées au progrès de l'hygiène et de la médecine et ont sûrement joué un rôle, mais il y en a d'autres. Les mécanismes d'autorégulation des sociétés semblent avoir disparu et le contrôle des naissances n'a manifestement pas suffi à maintenir le nombre des habitants de la planète à un niveau stable.
Un mécanisme d'autorégulation suppose qu'une société s'adapte à ce que 1'environnement dans lequel elle vit est capable de lui fournir et en tenant compte des besoins de sa population. Si le nombre de personnes augmente au point de dépasser ce que la région peut supporter, le contrôle des naissances devra se renforcer, à moins que la faim ou les maladies ne fassent croître les décès et ramène la population à un niveau compatible avec les ressources disponibles. On peut penser que dans une société bien gérée on évitera d'en arriver là. Mais aujourd'hui il n'y a plus guère de rétroaction entre ce que la région peut offrir et le nombre de gens qui s'y trouvent, simplement parce qu'il suffit de faire venir d'ailleurs ce qui manque dans la région. Les transports permettent aujourd'hui de compenser les manques éventuels où que l'on se trouve, même dans le désert. Une partie très importante de l'humanité vit aujourd'hui en ville et dépend donc entièrement des transports pour sa nourriture, même si des efforts sont faits pour faire pousser quelques légumes en zone urbaine. Cette dépendance des transports est devenue une telle évidence qu'elle est considérée comme allant de soi et n'est donc pas perçue comme critique. On a perdu la notion d'autosuffisance. Pourtant, la fin inéluctable du pétrole va limiter très fortement les possibilités de transport. Et s'il faut revenir au char à bœufs, il vaut mieux que les distances de transport soient courtes.
La surpopulation est aussi la conséquence de politiques natalistes qui ont sévi dans beaucoup de pays, même en Europe. En France, les femmes qui avaient plus de deux enfants se voyaient récompensées par de généreuses allocations familiales (celles qui arrivaient à douze enfants auraient même eu droit paraît-il au «prix Cognac» d'un montant suffisant pour assurer l'entretien de leur famille). Les autorités responsables de cette promotion de la natalité humaine pensaient probablement que cela favorisait la croissance économique perçue – à tort – comme une condition nécessaire à la prospérité. Mais comme il fallait s'y attendre, la surpopulation aboutit aussi à la surproduction puisqu'il faut bien, si on veut éviter le chômage, que tous ces gens travaillent. On se tourne alors vers l'exportation ce qui mène à une concurrence entre Etats. On se trouve alors avec un grouillement humain à la surface de la planète, tous ces humains étant en concurrence les uns avec les autres pour faire augmenter le produit national brut (PNB) dans leur pays. Pour les dirigeants économiques et politiques, la croissance du PNB semble être devenue le principal critère de succès. Et pour l'encourager, il n'est pas sans intérêt de laisser venir des immigrants qui acceptent des salaires modestes. Même s'il est juste d'accueillir des personnes qui fuient leur pays parce qu'elles y sont menacées, cela n'est pas une solution à long terme. Il y a forcément une limite au nombre de gens qu'un pays peut faire vivre dans de bonnes conditions. Pour qu'une société soit conviviale, il ne faut pas que les citoyens se marchent sur les pieds et doivent se battre pour disposer d'un espace suffisant.
Comme bien des autres problèmes, la surpopulation est liée à la question de la croissance économique qui a gangrené la réflexion politique depuis trop longtemps. Notre monde est fini et une croissance permanente de quoi que ce soit y est un non-sens, surtout quand cette croissance est alimentée par le pillage de ressources dans des pays tiers. Il est devenu urgent de passer à la décroissance économique. Cette décroissance n'est pas seulement une nécessité. C'est aussi un projet. Il s'agit de parvenir à une société dans laquelle la convivialité serait le critère principal de bien-être. A n'en pas douter, cela implique une réduction des injustices et donc une certaine redistribution de la fortune. L'attrait des pays riches pour les pauvres d'autres pays est aussi lié à l'espoir de pouvoir y faire fortune, espoir d'ailleurs le plus souvent déçu. «Faire fortune» devrait être rangé au rayon des sottises. La fortune en question se fait toujours sur le dos des autres.