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Février 2011 °
Quel sera le prochain angle d’attaque ?
Auteur : Adèle Moeschler-Ekoumou, Les Brenets

Lors des récentes votations, La Chaux-de-Fonds a été une des villes suisses qui n'a pas cédé aux sirènes tonitruantes de la haine xénophobe affichée avec arrogance et savamment distillée et qui fait son chemin lentement mais sûrement dans les esprits des citoyens de ce pays dont la tradition humaniste judéo-chrétienne est pourtant sous-jacente dans la Constitution.

Ce courage politique face à la déferlante populiste et la lucidité du choix de la majorité de son électorat ne sont pas sans évoquer l'héroïsme d'hommes et de femmes qui ont dénoncé la barbarie nazie au péril de leurs vies. L'Histoire contemporaine se souvient d'eux comme des Justes.

Nulle prétention de faire une transposition historique point par point entre la montée du national-socialisme d'hier et celle, non moins palpable, du repli identitaire d'aujourd'hui. Cependant on est autorisé à se demander quelle sera, non pas la prochaine la cible, qui ne fait désormais aucun doute, mais plutôt le prochain angle d'attaque qui fera mouche contre la minorité visible.

Hier les minarets, aujourd'hui la sécurité: quel slogan populiste frappera le regard de chaque automobiliste à l'arrêt des feux ou contours, de chaque mère de famille conduisant son enfant à l'école? Qui pourra évaluer les séquelles du choc émotionnel et du traumatisme produites par ces images récurrentes chez des sujets vulnérables? Apparemment, personne ne semble s'en émouvoir, ni les sympathisants de ces idées, encore moins les initiants.

Ici et là on évoque le retour au contingentement de travailleurs saisonniers, la séparation des élèves dans les classes, l'abolition de la loi antiraciste, la suppression du bureau de la cohésion multiculturelle, le tout dans un silence assourdissant des lieux de parole traditionnels. Alors que l'étau de l'exclusion semble se resserrer au fil des initiatives, que les verrous du repli identitaire se mettent dans les gonds, érigeant les murs de la honte dans les esprits, pourra-t-on dire qu'on ne savait pas?

Par son refus de suivre le courant et sa volonté de se démarquer de la culture du mouton, La Chaux-de-Fonds ne mérite plus seulement d'être inscrite au patrimoine culturel de l'Unesco mais aussi au Panthéon de l'humanisme.

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