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La pensée unique des partisans du néolibéralisme est simple: «L'État est inefficace et la plupart des tâches qu'il assume pourraient être confiées au secteur privé à moindre coût».
Quel mensonge éhonté! Partout où les collectivités publiques ont transmis le témoin à des entreprises privées, le travail a été mal fait, la situation est devenue plus dangereuse (exemple: les chemins de fer britanniques) et les usagers ont dû payer davantage. Qu'il s'agisse de l'eau, de l'électricité ou des moyens de transport, la privatisation a un effet désastreux. Le but premier des nouveaux propriétaires n'est pas de servir la communauté, mais de faire le plus de bénéfice, et surtout le plus rapidement possible. De ce fait, les installations sont mal entretenues et la qualité des prestations laisse souvent à désirer.
Jacques Attali, qui a été le conseiller de François Mitterand et le premier président de la Banque européenne, a bien résumé la situation : «Quand les riches minorités se rendront compte qu'elles ont davantage intérêt à ce qu'un domaine soit soumis au marché plutôt qu'au vote, elles feront tout pour que ce domaine soit privatisé». Il poursuit: «Les États se feront concurrence par une baisse massive des impôts sur le capital et sur la classe créative, ce qui les privera progressivement de l'essentiel de leurs ressources; exsangues, les États abandonneront au marché le soin de proposer la plupart des services relevant de l'éducation, de la santé, de la sécurité et même de la souveraineté. D'abord en délocalisant les services publics dans les pays à bas coût de main-d'œuvre, puis en les privatisant. Alors les impôts baisseront, les revenus minima et les statuts protégeant les plus faibles seront balayés; la précarité se généralisera».
Le risque est grand pour que la prophétie de Jacques Attali se réalise. Il faut que tous les vrais libéraux s'opposent à cette dérive.
Dans le journal L'Essor d'octobre 2008, je relevais déjà le danger des privatisations: «Comme par hasard, ce sont les services les plus rentables qui passent en mains privées et les bénéfices iront à quelques personnes plutôt que dans les caisses des collectivités. Et ne parlons pas de la dégradation des conditions de travail des employés!».
À mon avis, la première étape vers la privatisation est l'autonomisation des services. Même le canton de Neuchâtel, qui a pourtant une majorité de gauche au Grand Conseil, est tenté par cette solution. Disons-le clairement: l'autonomisation a un effet pervers. Elle déresponsabilise l'autorité politique et créé une nouvelle classe de chefs de service davantage tentée par les économies et l'équilibre que par le maintien des prestations offertes au public.