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L'apprentissage du japonais permet un voyage exotique. On quitte nos racines grecques et latines, on se confronte à des phénomènes nouveaux et inattendus. Dépaysement garanti. Distinguons tout d'abord l'écriture, difficile, de la langue parlée, plus facile. Le japonais s'écrit verticalement de droite à gauche ou horizontalement de gauche à droite. Les enfants apprennent en première primaire ces deux manières.
L'écriture se compose de quatre axes, quatre systèmes, quatre alphabets. Le plus connu est celui des idéogrammes, appelés «kanji». En voici quelques-uns:
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A l'école primaire et secondaire, les enfants doivent en apprendre 1950, à raison d'environ 300 par année pendant neuf ans d'école obligatoire. Cela veut dire que ce n'est qu'à la fin de la neuvième année d'école qu'ils peuvent lire le journal. Les idéogrammes se classent par nombre de traits ou par radicaux, les radicaux étant des parties d'idéogrammes dessinées toujours à gauche ou au-dessus du dessin. Les Chinois utilisent les mêmes idéogrammes, ainsi que les Taiwanais. Mais certaines modifications récentes ont été faites dans certains de ces trois pays et pas dans les autres; il y a donc des différences.
Il existe beaucoup d'homophones; si deux Japonais discutent sur le mot «ju», ils vont, pour être sûrs qu'ils parlent de la même chose, dessiner du doigt l'idéogramme dans leur main. En effet, l'acte de dessiner un idéogramme se fait toujours rigoureusement de la même manière. On enseigne les idéogrammes aux enfants en les leur dessinant dans le dos avec le doigt.
Un idéogramme représente une idée. Un dessin pour «manger», un dessin pour «dormir». Certains idéogrammes se composent de deux autres idéogrammes. Par exemple, l'idéogramme «mère» et l'idéogramme «enfant» réunis signifient «amour». L'idéogramme «arbre» et l'idéogramme «humain» réunis signifient «repos». L'idéogramme constitué de trois fois l'idéogramme «femme» se lit «kashimashi» et veut dire «bruit de babil»… Sans commentaire… Pour bien comprendre les idéogrammes japonais, il faut donc lire entre les traits…
Chaque idéogramme a deux lectures, l'authentique lecture japonaise et la lecture à la chinoise. Pour cette raison, l'idéogramme «montagne» se lit «yama» ou se lit «san». On peut donc dire Mont Fuji, Fuji San ou Fuji Yama.
Au jardin d'enfants, les petits apprennent tout d'abord l'alphabet nommé «hiragana». Il est tout à fait phonétique, un signe signifiant une syllabe. En voici quelques-uns:
の
があったことを
よりお
らせいたします
Il existe un autre alphabet phonétique et syllabique, les «katakana». Ils s'utilisent pour les onomatopées, les arbres et les mots étrangers. Exemples: ho-te-ru = hôtel, a-i-su-ku-ri-mu = icecream. Ma-ku-do-na-ru-do = Mac Donald.
エスペラント = e-su-pe-ra-n-to (espéranto)
グループ = gu-ru-pu (groupe)
On arrive à la quatrième variante, celle que nous utilisons dans presque toute l'Europe: l'écriture latine. Les Japonais l'appellent «romaji». Les enfants l'apprennent en quatrième année primaire et l‘utilisent pour l'algèbre.
Du côté de la langue parlée, on observe des phénomènes simples: pas de conjugaison des verbes, pas de singulier-pluriel, pas de masculin-féminin. Il n'y a que cinq sons vocaliques: a, i, u, e, o. Le r et le l ne forment qu'un seul son, de même que le f et le h. Il y a plein de u muets. Mais il y a des présents très polis, des présents moyennement polis, des présents peu polis; idem pour les passés… Idem pour des mots comme «merci». Regardez: d'une manière dite virile, un homme va dire «domo». Un enfant va dire «arigatto». Une femme dira «domo arigatto gozaimasuta». Un homme dans une fonction de vendeur s'exprimera dans une attitude de soumission envers l'acheteur en utilisant la forme longue, féminine, la plus respectueuse.
L'aspect de la communication le plus différent par rapport à notre façon de communiquer consiste à savoir ce qu'on dit à qui, quand, comment. Exemple: chez nous: «Qui ne dit rien consent». Au Japon, un silence veut souvent dire non car il est impoli de dire non. Poser deux fois la même question à un Japonais correspond à une insulte. Autre aspect: ne demandez pas à un Japonais «Est-ce que la gare est là?» en montrant la direction est, car si la gare est à l'ouest, il est capable de vous dire oui par politesse et d'ensuite vous expliquer comment vous pourrez atteindre la gare en faisant un détour par l'est. Demandez plutôt: «Où est la gare?». Evitez les questions en Y comme «Voulez-vous du thé ou du café?» car vous entendrez souvent la réponse «oui» ou bien rien du tout. Cette stratégie n'existe pas en japonais. Relevez que ce genre de problématique ne dépend pas de la langue commune utilisée. On est à l'intersection de la langue et de la culture.