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Avril 2010
Auteur : Henri Jaccottet
Le mot est à la mode. Sur le plan psychologique, la fusion entre deux personnes amoureuses est une illusion, une impossibilité. Le chapitre IX d'Adam et Eve de Ramuz le montre clairement et l'on sait que les couples qui n'ont qu'une tendance à la fusion seulement, une relation fusionnelle comme on dit, s'isolent de leur entourage, en particulier de leurs enfants qui se sentent abandonnés.
En affaires, les fusions d'entreprises et autres, une des conséquences du néolibéralisme, sont le plus souvent un prélude à la catastrophe. Et malgré cela, banquiers et assureurs continuent de sacrifier au veau d'or à qui mieux mieux; de plus, cela leur donne «une puissance de feu médiatique»; j'emprunte cette belle expression à des amis que je salue au passage.
En politique enfin, les fusions de communes connaissent un beau succès. Tant que cela reste sur plan administratif, c'est efficace, je le veux bien. Mais ne doit-on pas craindre que, en ce qui concerne les relations humaines, l'esprit communautaire de nos communes villageoises n'ait à en souffrir, comme elles ont souffert de la TV qui maintient les gens chez eux? N'est-ce pas, en effet, cet esprit communautaire de la base qui a fait de la Suisse ce qu'elle est? Pensons-y.