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Dans les pays industrialisés, la gestion des déchets est aujourd'hui une entreprise de grande envergure. On peut s'en faire une idée en voyant comment cela se passe dans un canton suisse. Dans le canton de Vaud, la gestion des déchets est du ressort du SESA (Service des eaux, sols et assainissement). J'ai donc contacté ce service pour lui demander d'écrire un article pour l'essor, décrivant la manière dont il gère les déchets et les difficultés qu'il rencontre. Le responsable, M. Marc Andlauer, m'a alors renvoyé au site internet du canton, lequel contient une section consacrée aux déchets. J'en ai tiré les informations ci-dessous.
Les déchets sont répartis en 6 catégories:
1. Les déchets urbains. Ils comprennent les ordures ménagères, les déchets encombrants, les déchets compostables, les papiers/cartons, le verre et la ferraille. En 2000, il y en a eu en tout pour environ 405'000 tonnes.
2. Les déchets spéciaux qui sont considérés comme dangereux et nécessitent des mesures de contrôle. Ils comprennent piles et accus, peintures, solvants, médicaments, produits chimiques. En tout, environ 80'000 tonnes/an.
3. Les déchets électriques et électroniques qui devraient être restitués aux commerçants ou à des entreprises spécialisées (6 entreprises sur Vaud). Ces déchets contiennent des substances très nocives et rémanentes. Mais le taux de récupération est proche de 100%. Environ 15'000 tonnes par an.
4. Les boues d'épuration. Elles sont digérées pour la production de biogaz et finalement incinérées. Rapportée à la matière sèche, la production cantonale est de 18'000 tonnes/an.
5. Les déchets de chantier. Ils ont fournis les plus gros tonnages: environ 1'200'000 tonnes en 2004.
6. Les «sous-produits animaux». Ce sont les résidus non valorisables (pour cause d'ESB). Environ 17'500 tonnes/an.
Une bonne partie des déchets urbains (70%) est collectée par les communes. S'y ajoutent les déchets d'entreprises apportés directement aux installations de traitement (30%). Tous ces déchets sont soit incinérés soit recyclés, le taux de recyclage étant de l'ordre de 50%, avec comme objectif de passer à 60%. La production de déchets urbains est aujourd'hui encore en augmentation. Par ailleurs, certains de ces déchets deviennent compliqués et difficiles à déconstruire (par exemple berlingots) et donc à éliminer.
Le SESA présente une statistique des déchets urbains collectés par les communes entre 1999 et 2007. La quantité de ces déchets passe de 300'000 tonnes en 1999 à 344'000 tonnes en 2007. Cette augmentation est plus rapide que celle de la population: environ 613'000 en 1999 et 670'000 en 2007. Les quantités produites par habitant sont donc encore en augmentation: 1.34 kg/jour à 1.41 kg/jour. Les déchets urbains collectés par les communes se répartissent sur les 6 catégories indiquées sous 1. En 2007, les proportions étaient les suivantes: ordures ménagères 50.5%, déchets encombrants 7%, déchets compostables 16%, papiers/cartons 15.2%, verre 9%, ferraille 2.3%. Sur la période considérée (1999-2007), les quantités relatives ne changent pas beaucoup, mais les quantités absolues augmentent dans toutes les catégories, sauf la ferraille. Les augmentations les plus fortes sont pour les déchets compostables (+ 52%) et les papiers/cartons (+ 36%).
Même si la proportion des déchets incinérés est en baisse, leur quantité augmente encore. Le pouvoir calorifique des déchets incinérés est de l'ordre de 3'000 kcal/kg, soit à peu près les 2/3 de celui du bois. Ils sont brûlés pour 60% à l'usine Tridel à Lausanne et pour 30% à la Satom à Monthey. Le solde se répartit sur des usines d'incinération à Genève, Fribourg et Neuchâtel.
L'incinération des déchets produit des mâchefers, des cendres et des résidus qu'il faut mettre en décharge avec d'autres déchets non incinérables. On distingue entre décharges pour matériaux inertes (6 dans le canton), pour matériaux bioactifs (potentiellement toxiques: résidus d'incinération, déchets contenant des métaux lourds), pour matériaux stabilisés (matériaux dangereux coulés dans du ciment, mis en décharge à Oulens).
On relève que les cimenteries peuvent utiliser des déchets spéciaux comme combustible, Les cendres sont alors incorporées dans le ciment. La cimenterie d'Eclépens fonctionne à 50% avec ces déchets.
Avant que le canton ne prenne en main la gestion des déchets, ceux-ci étaient débarrassés un peu n'importe comment. Il en est résulté 2'600 sites pollués dont une partie doit être assainie. Ainsi l'ancienne gravière de Bioley-Orjulaz dans laquelle on avait déversé des matériaux polluants qui menaçaient des nappes phréatiques a dû être réexcavée. Cet assainissement a débuté en 2003 et a été terminé en 2008 pour un coût de 7,5 millions de francs. La réhabilitation du site a permis au Petit Gravelot (oiseau très répandu en Suisse et dans le monde) d'y nicher à nouveau.
Commentaire – La gestion des déchets, ainsi que celle de l'épuration des eaux, ont été abordées par la méthode de la fuite en avant propre au système économique. Lorsqu'un problème se pose, on ne se demande jamais si ce problème pourrait peut-être ne pas exister ou au moins être réduit en ampleur. Ainsi n'a-t-on guère cherché à réduire les quantités de déchets et d'eaux usées. On s'est seulement ingénié à les traiter pour les rendre acceptables. Les méthodes de traitement créent à leur tour des problèmes et génèrent d'autres déchets, sans parler de leur coût. Mais elles évitent d'avoir à se poser la question du long terme.
Produire des déchets et faire caca dans l'eau potable ne sont pourtant pas des fatalités. Mais cela contribue à la croissance économique, ce qui, pour les pouvoirs en place, est l'essentiel.