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Giuseppe Maggi ne figure pas sur la liste des grands missionnaires du XXe siècle, ni sur celle des grands humanistes. Et pourtant sa vie et son oeuvre sont considérables. À part la religion, il y a peu de différence entre l’action du luthérien Albert Schweizer et celle du catholique Giuseppe Maggi. Tous deux ont donné à l’Afrique ce qu’ils avaient de meilleur, tous deux ont consacré aux Africains leur temps et leurs dons.
Le livre de Zachée Betché est beaucoup plus qu’une bibliographie. Il se lit comme un roman car il traduit fidèlement le parcours, les succès, les doutes aussi, d’un homme pour qui le mot «servir» avait un sens très exigeant. En 200 pages, on peut suivre toute la route de Giuseppe Maggi, depuis son travail en Suisse (à Travers notamment) jusqu’au Cameroun. Avec sa triple vision de pasteur, de docteur en philosophie et d’Africain (il est camerounais), l’auteur a une image très complète de Giuseppe Maggi. Il s’attache à découvrir ses motivations, à comprendre son témoignage, à le suivre dans les grands et les petites choses de la vie. Mais l’essai de Zachée Betché est moins un étalage de l’activité de ce médecin de brousse qu’une série de réflexions sur les enjeux possibles inhérents à une histoire singulière dont le présent pourrait saisir la pertinence. Giuseppe Maggi était un homme de terrain. Son idéal de justice fut plutôt ancré dans sa personnalité traversée par le faisceau de l’Evangile. Il estimait qu’il n’y a pas de justice sans vérité et qu’aucune réconciliation n’est possible sans justice. Il avait par ailleurs une forte sensibilité écologique. Pour lui, planter un arbre était une des premières tâches lorsqu’il décidait de s’installer dans un milieu donné. L’arbre lui paraissait essentiel (voir en page 2 les citations de Wangari Maathaï, Prix Nobel de la paix 2004) et avait sa place dans la ritualisation qui précédait la création de chaque oeuvre sanitaire.
Pour la postérité, l’effet «Maggi» consistera à dire qu’on peut aller de l’avant même au coeur des situations les plus alambiquées, défiant les obstacles et instaurant des digues d’espoir là où il en manque. L’Afrique peut être debout et en mouvement. Une vraie espérance est réalisable en dehors des mirages qui dominent accessoirement ce continent. Certes, le monde n’attend pas une solution «Maggi» mais il peut néanmoins s’offrir les valeurs de ce personnage. Grâce à Zachée Betché, le lecteur peut découvrir une face lumineuse de l’histoire de l’Afrique. Son livre doit être lu si on veut mieux comprendre les relations entre l’Europe et l’Afrique et, surtout, entre les peuples de ces deux continents.