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La diversité est une caractéristique de la vie sur notre planète. Le nombre d’espèces vivantes est immense et toutes n’ont pas été répertoriées. Cette «biodiversité» est le propre d’une nature en bonne santé. Mais sous l’influence des activités humaines – ou de catastrophes naturelles exceptionnelles – elle diminue de manière inquiétante. Des espèces ont disparu, d’autres sont menacées d’extinction. Pourtant elles ont toutes leur rôle à jouer dans le maintien de la biosphère ou, si l’on préfère, de la Création. Aucune discrimination n’est justifiable même si l’homme considère certaines espèces comme nuisibles et s’efforce de les éradiquer à grands renforts de poisons chimiques. Le grand miracle de la biosphère est bien d’avoir su concilier cette énorme diversité avec l’équilibre de l’ensemble. La biodiversité est même probablement une condition de cet équilibre. La vie n’a pas attendu l’homme pour maintenir sur la Terre les conditions nécessaires à son propre épanouissement.
La diversité se retrouve à l’intérieur d’un même groupe d’êtres vivants. Il y a beaucoup d’espèces d’oiseaux, de reptiles, de ruminants, d’orchidées, d’insectes, etc. Et il y a aussi différents types d’êtres humains. Cette humano-diversité est aussi désirable que la biodiversité dans son ensemble.
Certes, il y a entre l’animal et l’homme un saut qualitatif. Langage, écriture, culture, science et technique, sont des domaines inaccessibles à l’intelligence animale. Il n’en résulte pas que l’animal est inférieur à l’homme – ou vaut moins que lui. Dans le tout organique de la biosphère il a sa place et ses fonctions. De plus il est capable d’amour et d’émotions.
L’homme a malheureusement tendance à considérer tout ce qui vit comme lui étant subordonné. On se réfère volontiers à la Bible pour justifier cette attitude. Il est dit en effet dans la Genèse: «Dieu créa l’homme à son image… et il leur dit: soyez féconds, multipliez et remplissez la terre et soumettez-la, dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tout animal qui se meut sur la terre». Même si cette injonction peut être perçue comme unilatérale, elle n’autorise pas l’homme à s’approprier et modifier la biosphère. C’est pourtant comme cela qu’elle a été interprétée plus ou moins explicitement dans une curieuse concordance de vue entre chrétiens et communistes (voir à ce sujet: Carl Amery, «Das Ende der Vorsehung», Süddeutscher Verlag, München 1985). Une telle vision du monde n’est pas tenable car toutes les formes de vie sont parties prenantes dans le maintien de la santé de la biosphère, santé sans laquelle l’humanité n’est pas viable.
Le respect de la vie devrait donc être le commandement fondamental de l’humanité. Il implique en particulier le respect de tout être humain quel qu’il soit et réduit le racisme à la sottise. Il s’agit là d’un besoin malsain de trouver un bouc émissaire pour des maux dont on est souvent soi-même responsable. La diversité des ethnies, des cultures, des croyances, est une richesse de l’humanité, à condition bien sûr qu’on ne cherche pas à les opposer les unes aux autres ou à établir une hiérarchie entre elles.
Malheureusement les religions prétendent souvent à une vérité unique, la leur, ce qui les amène à s’opposer les unes aux autres. Les églises chrétiennes ne sont pas bienvenues en terre musulmane – on relèvera l’exception de l’extraordinaire mosquée de Cordoue à l’intérieur de laquelle se trouve une grande église chrétienne – et les minarets ne sont en général pas bienvenus en terre chrétienne. Le bouddhisme semble plus tolérant. Les religions monothéistes ont eu, et ont probablement encore, leurs missionnaires. Ceux-ci ont aussi ouvert la voie au colonialisme dont les conséquences ont été catastrophiques pour bien des peuples. Les tribus animistes ont su préserver leur habitat et la nature autour d’elles bien mieux que la civilisation judéo-chrétienne et elles ont traversé les millénaires sans notre aide. Qu’est-ce qui justifiait de les convertir à nos croyances et de quel droit les avons-nous considérées comme sous-développées?
La diversité implique le respect, la tolérance et l’ouverture vis-à-vis de l’autre, de celui qui est différent. C’est une condition pour la paix. La discrimination est la démarche contraire. Elle mène à la guerre.