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Le petit enfant gribouille, il fait des giroulis (cercles superposés); il tapote sa feuille avec son stylo, il fait des points, beaucoup de points, ce sont des punctilis. Puis ces points s’allongent et deviennent des traits, toujours accompagnés de giroulis et de punctilis.
Au fil du temps, les expériences graphiques se succèdent, se combinent, s’enrichissent de nouvelles découvertes: des crochets, des ronds apparaissent, des croix, des angles, des arêtes, des figures rayonnantes, toutes les figures primaires se répètent inlassablement.
Tous les petits enfants passent par ces découvertes et cela les enchantent. Ils croient qu’ils inventent, qu’ils sont les seuls à le faire, ils s’entourent de ces éléments, c’est leur monde…
La suite, c’est l’entrée progressive dans les objets-images: la maison-typée, caractérisée par le carré surmonté d’un triangle, avec 2 fenêtres et une porte, le point dans la porte, le point dans le toit et la cheminée perpendiculaire à la pente du toit, comme les bras du personnage sortent de son corps triangulaire. Les objets-images ne sont pas très nombreux, on les énumère facilement: il y a l’arbre, la fleur, l’animal, le bateau, la maison, le personnage, le soleil, les oiseaux, et puis surgissent les limites de l’espace et l’orientation dans l’espace, le haut en une bande de ciel, le bas en une bande de terre, tout cela très naturellement.
En fait, tout s’enchaîne inéluctablement, de façon logique et quoiqu’il arrive. Ce qu’il est difficile de croire, c’est que l’enfant n’a pas besoin d’apprendre et que, par lui-même, il acquiert tout ce qui est nécessaire à ce jeu de tracer sur une feuille. Non seulement il n’a pas besoin d’apprendre, mais il serait néfaste pour son équilibre et son développement d’intervenir dans ce jeu qui lui appartient comme lui appartient son rêve dans son sommeil.
La trace est programmée génétiquement, voilà pourquoi elle est semblable chez tous les enfants, elle est universelle et il faut la préserver. Toutes les phases de la croissance du fœtus, de son évolution, de la formation de la tête et de la colonne vertébrale, de la poussée des membres, et de la sensation de nager sans limites dans le liquide amniotique, puis de la diminution progressive de l’espace, jusqu’à l’enserrement des derniers jours avant la délivrance, tout est enregistré dans une mémoire organique, ainsi que la naissance, et la sensation horizontale du bébé couché, puis la lente levée vers la verticalité, tout cela jusqu’à la marche est consigné dans cette mémoire.
Une des possibilités qu’elle a de se manifester, de se rappeler à nous, c’est par le tracé spontané, épargné des interventions, des directives, des suggestions, des consignes. Car, non seulement ce tracé évolue de la petite enfance à l’enfance, mais il ne tarit pas avec l’âge, contrairement à ce que l’on croit habituellement, il se poursuit à l’adolescence et à l’âge adulte si on veut bien le laisser fleurir. Il s’agit alors de figures essentielles.
Pourquoi s’acharne-t-on, à l’ère de la photographie, à inculquer des notions de proportions et de dessin d’observation? Ce sont de vieilles notions datant du 19e siècle, complètement inutiles à notre époque. Elles font beaucoup de tort aux enfants et à tout le monde car elles empêchent le bon développement de l’être humain et annihilent la joie de la spontanéité.
On s’étonne après que les enfants ne savent plus quoi dessiner ! La seule chose qui nous appartienne vraiment, avec le rêve, c’est le dessin libre. Alors de grâce, laissez-nous cette liberté essentielle, ne touchez pas à la Trace.