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Hervé Kempf est un des journalistes d’environnement les plus réputés. Son dernier livre a le mérite d’être court et écrit dans un style direct. Mais quelle densité: en un peu plus de 100 pages, l’auteur explique pourquoi on ne résoudra pas la crise écologique sans s’attaquer à la crise sociale concomitante.
Pour Hervé Kempf, nous sommes à un moment de l’histoire qui pose un défi radicalement nouveau à l’espèce humaine: pour la première fois, son prodigieux dynamisme se heurte aux limites de la biosphère et met en danger son avenir. Vivre ce moment signifie que nous devons trouver collectivement les moyens d’orienter différemment cette énergie humaine et cette volonté de progrès. C’est un défi magnifique, mais redoutable.
L’auteur désigne l’obstacle: c’est cette classe dirigeante prédatrice et cupide, qui fait obstacle au changement de cap qui s’impose urgemment. Elle ne porte aucun projet, n’est animée d’aucun idéal, ne délivre aucune parole mobilisatrice. Après avoir triomphé du soviétisme, l’idéologie néolibérale ne sait plus que s’autocélébrer. Presque toutes les sphères de pouvoir et d’influence sont soumises à son pseudo réalisme, qui prétend que toute alternative est impossible et que la seule voix imaginable est celle qui conduit à accroître toujours plus la richesse.
Cette représentation du monde n’est pas seulement sinistre, elle est aveugle. Elle méconnaît la puissance explosive de l’injustice, sous-estime la gravité de l’empoisonnement de la biosphère et promeut l’abaissement des libertés publiques. Elle est indifférente à la dégradation des conditions de vie de la majorité des hommes et des femmes, consent à voir dilapider les chances de survie des générations futures.
Mais terminons sur la conclusion positive d’Hervé Kempf: «Il y a de nombreux signes qui montrent que le vent de l’avenir recommence à souffler. Malgré l’ampleur des défis qui nous attendent, les solutions émergent, et renaît l’envie de refaire le monde face aux perspectives sinistres que promeuvent les oligarques».