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Une fois de plus, c’est grâce à l’émission Les temps qui courent (Radio-télévision suisse) que j’ai eu la chance d’entendre Bruno Parmentier – dont on n’a pas dit si monsieur-pomme-de-terre est son ancêtre! Son livre, dit-il, est un cri d’alerte qui mérite une mention à l’Essor. Son message: au XXe siècle, on a réussi à nourrir 4,5 milliards de terriens surnuméraires en exploitant au maximum la surface cultivable de la terre (12% de la surface émergée, pas davantage!) avec un apport d’eau, de chimie et d’énergie qui nous a amené au bilan déficitaire dans lequel nous nous trouvons. Le XXIe siècle se trouve dans l’obligation de «produire davantage et mieux avec beaucoup moins, et cela on ne sait pas le faire».
Quelques chiffres – Pour obtenir 1 kg de céréales, il faut une tonne d’eau; pour 1 kg de poulet, 4 tonnes d’eau et 4 kg de céréales; pour 1 kg de porc, 6 tonnes d’eau et 6 kg de céréales; pour 1 kg de boeuf, 13 tonnes d’eau et 13 kg de céréales. Et plus les pays sont développés, plus on y mange de la viande, plus grande donc doit être la surface à cultiver.
Productivité – Celle d’un paysan européen: en 1945, avec 1 hectare, il nourrit 5 personnes en fournissant par année 1 à 2 tonnes de céréales. En 2000, un agriculteur avec 100 hectares nourrit 100 personnes par année avec 800 tonnes de céréales!
Pratiquement, l’agriculteur du tiers-monde se trouve dans la situation de 1945; ses produits ne peuvent plus être concurrentiels. Ruiné, il se réfugie en ville où nos poulets sont vendus X fois moins chers que n’étaient les siens (pensons à nos agriculteurs suisses face aux marchés des grandes surfaces). Et M. Parmentier affirme: «Avoir confié la régulation de la nourriture mondiale au seul commerce, c’est organiser la famine en bon nombre de zones». A cela s’ajoute: 1) que les réserves en terres cultivables résident dans les forêts tropicales dont on sacrifie chaque année en pure perte une surface égale à celle de la Grèce; 2) la surface cultivée à la fin du XXIe siècle sera moindre que celle du XXe siècle à cause de trois facteurs qui sont en augmentation: l’urbanisation; l’érosion (par l’eau et par le vent); la pollution, où l’artificialisation de l’agriculture moderne joue un rôle non négligeable (labourer plus profond met au jour davantage de vers aussitôt mangés par les oiseaux, ce qui diminue d’autant la valeur nutritive du sol).
Energie – En bref et compte tenu du fait qu’actuellement il faut 3 litres de biocarburant (obtenu à partir de céréales) pour remplacer 1 litre de pétrole, en l’absence de ce dernier, il faudrait étendre en proportion les surfaces cultivées, ce qui n’est ni possible ni même imaginable. L’auteur rappelle qu’au Moyen-Age, on cultivait du blé dans son champ et on allait couper un arbre dans la forêt pour se chauffer! De plus, il insiste sur le fait que l’agriculture consomme énormément d’énergie: 28 millions d’agriculteurs avec des tracteurs; 250 millions avec des animaux; 1 milliard n’ont ni tracteurs ni animaux. Malgré cela, la Chine, par exemple, est le premier producteur au monde de produits alimentaires et un barrage sur deux se trouve en Chine, cela, dirais-je, uniquement à l’énergie… humaine, mais à quel prix, je vous le demande!