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On tartine sur la violence des jeunes comme s’il n’y avait que les jeunes qui étaient violents, comme s’ils étaient les seuls concernés, comme si c’était toute leur faute. Mais cette façon de poser le constat soulève de graves problèmes. Car c'est par ce type de raisonnement que s'installent les désordres juvéniles que nous observons dans nos sociétés, qui loin d'être les attributs d’une jeunesse débridée, sont simplement la conséquence de l'importance donnée à la répression sociale, la justice moraliste et au recours à la police toute-puissante dans la résolution des problèmes de notre société.
Nous vivons dans une société faite de violence issue des politiques économiques bâties sur la concurrence économique et les rapports de force des dirigeants sur la population, où les déséquilibres sociaux entre les gouvernants et les citoyens, entre magistrats et peuple, règnent en maître. La soi-disante «violence des jeunes» n’est que le reflet de la réalité de la société dans son ensemble et n’est que la conséquence des choix de société de leurs parents. Nous devons enfin comprendre que la théorie de la «violence des jeunes» et de l'imposition de comportements formatés pour la combattre, est parfaitement contreproductive!
Notre société veut «produire de la sécurité» mais contrairement à ce qu'elle pense, la sécurité ne se «produit» pas mais est créée par la participation de tous les citoyens au développement d'une mentalité permettant la construction sociale. Notre société se persuade que cette mentalité peut être apportée par l'imposition d’une morale sociale ou d’une «éducation» formatée alors qu'elle ne peut résulter que de la volonté des individus qui composent la société de s'engager dans la construction d'une politique de paix solidaire, fraternelle, empathique et holistique.
Notre société répète à satiété que les principaux dangers qui nous menacent sont le terrorisme, la violence des jeunes, la drogue et le laxisme. Mais les vrais problèmes qu'affronte notre société, ce sont plutôt ceux de la pollution qui empoisonne des millions de personnes, de la prolifération des armes qui tuent plus de monde que les épidémies, de l'économie néolibérale qui fragilise la classe ouvrière et en fin de compte toute la société par ses délocalisations, sa spéculation boursière et immobilière, sa création de la richesse au détriment des gens, sa pub qui exerce une mainmise globale sur nos mentalités et la compétition qui lamine les êtres normaux. La société se donne pour mission le maintien de l'ordre voulu par les gouvernants pris à parti par la contestation populaire et les cris des exclus de la prospérité en donnant à la police la mission de protection des nantis et de leurs acquis. Les autorités ont bétonné leurs concepts sociaux-économiques en consolidant la société de consommation et son idéologie de création de richesse. Le principal danger de cette conception ubuesque de la société est que les problèmes sociaux seront «résolus» selon des principes renvoyant à une «militarisation» de la société – pour stabiliser une situation de crise, on rétablit l'ordre manu militari sans agir sur les causes de la crise, perpétuant ainsi l'exploitation éhontée du peuple par une caste supérieure qui par son emprise totale sur l'économie et la vie publique et individuelle, fait preuve d'un pouvoir autoritaire et cynique.
Pour résoudre les problèmes de société, et notamment ceux posés par la violence des jeunes, les autorités proposent toutes sortes de mesures mais jamais celles qu'il faudrait pour effectivement pacifier la société, soit un changement de mentalité, de valeurs, de conception de la vie de cette société, avec à la clé une valorisation des gens, un respect des individus et surtout, une compréhension du pourquoi et du comment du phénomène de la violence. Et de nous poser la question, à savoir, pourquoi, malgré des années de répression policière et d'activisme préventif intensif, malgré la reprise en main musclée de l’après soixante-huit, cette violence continuerait à «augmenter».