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Devenu homme public, je dérogeai souvent aux principes de retenue qu’on attend des personnes ainsi catégorisées. Je n’en avais rien à faire, de ces principes. C’était en les ignorant que je défendais le mieux les travailleurs. C’était ma conviction et mon boulot. Cela me créait bien des problèmes, je les affrontais.
Ainsi, au lendemain d’une votation populaire sur le relèvement du prix de l’électricité, enjeu refusé par le peuple, j’assistais à une réunion au parterre huppé. Le discours était insupportable, puisque ces politiciens, ces banquiers, ces patrons cherchaient déjà des solutions pour contourner la décision que le peuple avait votée la veille. J’étais bien seul dans l’hémicycle. Je me répétais: «Forster, si tu n’interviens pas, t’es un con, tu renies tes convictions. Forster, tu dois intervenir!» Je bougeais sur mon siège, l’adrénaline montait. Je pris une grande bouffée d’air et j’intervins dès que la parole me fut donnée. Toute l’assemblée tourna les yeux vers moi se demandant ce que cet inconnu allait dire. Je m’exprimai clairement en m’insurgeant contre cette discussion qui cherchait à détourner la décision démocratique du peuple. Mon intervention jeta un froid et fit régner un silence qui me confortait dans la justesse de mes propos.
J’avais osé, je pouvais poursuivre mon métier.
Quelques jours plus tard, une lettre des groupements patronaux parvint au secrétariat m’intimant d’agir comme un homme devenu public... qui ne peut pas dire n’importe quoi! Elle est belle, la démocratie!