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Il y a quelques années, j’expliquais à un député français les particularités du système de milice de l’armée suisse. Apprenant que les soldats pouvaient conserver leur fusil ou leur pistolet chez eux, cet ami me fit une remarque en riant: « Si on permettait ça en France, il ne resterait plus beaucoup de chevreuils ou de palombes! » Plus sérieux, il ajouta: « En fait, on risquerait la guerre civile ».
Ce risque n’existe heureusement pas. Pourtant, en Suisse, les centaines de milliers d’armes militaires dispersées dans des caves ou des greniers ne restent pas toutes inutilisées: elles provoquent chaque année la mort de 300 personnes, dont 260 par suicide. Souvenons-nous simplement de la tuerie du parlement de Zoug en 2001 (14 morts) et de l’assassinat par son mari officier d’une championne de ski dont, par respect, nous ne citerons pas le nom.
Pour beaucoup de parlementaires, ces faits justifient que les fusils d’assaut restent confinés dans les arsenaux. Hélas, pour la majorité du Conseil national, sensible aux intérêts des marchands d’armes, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Certains députés ressortent même l’image passéiste du citoyen-soldat qui attend virilement l’ennemi à la frontière avec son fusil serré contre lui.
Les habitants des États-Unis, pays imprégné par la culture du far west, ne semblent avoir jamais vu le lien existant entre les crimes et les armes avec lesquels ils sont commis. À une moindre échelle, les autorités suisses, aveuglées par la propagande du lobby des armes, refusent de comprendre que la violence peut diminuer si on la prive des moyens avec lesquels elle s’exprime.
« Gouverner, c’est prévoir »: la majorité du Conseil national ne doit pas connaître cette maxime. Heureusement, le peuple lui fera connaître son erreur lorsqu’il acceptera (prenons-en le pari!) l’initiative populaire qui vient d’être lancée et qui vise à durcir la législation sur les armes. Mais, d’ici là, combien de morts violentes auraient pu être évitées ?
Rémy Cosandey