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Février 2021
L’initiative populaire, vaccin démocratique
Auteur : Pierre Santschi

L’initiative populaire, ce vaccin démocratique, démantibulé par le déni officiel

1) Un cas d’école: initiative multinationales (ir)responsables. Les faits

En introduction, rappelons les comportements (pathologiques et/ou criminels) de l’officialité dans cette affaire:

• les palinodies entourant la mise au point d’un contreprojet;

• les atermoiements avant que le sujet soit soumis au peuple;

• les mensonges éhontés du Conseil fédéral, et spécifiquement de Mme KKS niant les atteintes aux droits de l’homme et à l’environnement des multinationales voyouses;

• les remarques déplacées d’un ex-conseiller fédéral PLR (qui n’avait pas répugné, dans sa fonction, à prévenir ses copains assureurs-maladie des mesures qu’il allait édicter), à propos du financement des ONG soutenant l’initiative, alors que les partis gouvernementaux (dont le susdit PLR) font engraisser leurs caisses par des dons d’une totale opacité, et ce, depuis toujours;

• le ridicule de cette conseillère nationale, «représentante » (!) du peuple qui dit «détester qu’on parle à la place des autres, particulièrement des Africains» (racisme inconscient, d’autant plus grave).

2) Appréciation directe sur cette situation

On peut regretter le petit nombre de votants (de tous bords) qui se sont exprimés… Mais mathématiquement cette initiative n’a été rejetée que par ~14% de la population fiscalisée directement ou indirectement. N’est-ce pas un signe encourageant que les 86% restants soient plus lucides et/ou honnêtes? N’est-ce pas un problème que ces 86% doivent accepter le diktat d’une officialité à la légitimité squelettique, officialité issue des partis gouvernementaux dont les oligarques sont manipulés in fine par les banques?

3) Un descriptif plus ou moins organiciste de nos institutions et du déni qui les infecte

On peut considérer le corps social et son appareil de gestion apparent, les institutions officielles, comme un organisme vivant.

Comme tout organisme, ce corps évolue, affronte des maladies et le vieillissement. En l’occurrence les maladies sont, à des degrés négligeables ou importants, la dégradation de valeurs que le corps social prétend sains, ou le développement de virus nocifs que promeuvent (inconsciemment ou pas), le discours officiel, ses actes (législatifs notamment) et les médias aux ordres.

Le vieillissement de cet organisme peut être révélé par la croissance de sa sclérose et de son déni face aux avertissements des mécanismes de défense. Ceux-ci sont les forces vives et lucides de cet organisme qui osent définir comme pathologiques des actions et «valeurs» gouvernementales visant à masquer ces avertissements, et à les décrire, ouvertement ou non, comme un signe de bonne santé: déni aggravé, pour la part de celui-ci qui provient de l’égotisme infectant les allées du pouvoir, ou «simple» hypocrisie… Les plus graves de ces pathologies sont la mauvaise foi, le secret ou l’opacité (traduisant la volonté d’augmenter l’ignorance de la population), le culte de la violence et de la compétition et le juridisme sans conscience (baptisé «État de droit»), le déni de cette gravité brochant sur le tout.

4) Remèdes à court terme?

L’initiative et le référendum pourraient être un contrepoison. Mais, en indice probant de l’état pathologique décrit ci-avant, ces instruments de réforme sont en voie de disparition. Ceci notamment par le traitement «juridique » auxquels ils sont soumis (par exemple le maltraitement des initiatives par les législations d’application votées par le Parlement et qui sont souvent inverses des intentions du texte constitutionnel adopté par le corps électoral), et par la récente «loi sur le terrorisme» qui criminalise la reconnaissance des errements de l’Etat, et donc empêche les réformes de celui-ci.

Peut-être faudrait-il cesser de se cacher le fait que l’argent est un bien commun. Dès lors ses gestionnaires (les banquiers) sont utiles quand ils ont une conscience. Pourquoi ne pas reconnaître leur rôle et les intégrer ouvertement dans les organes officiels, plutôt que de les condamner à agir dans l’opacité au travers des cadres des pharmas, des assureurs, des marchands d’armes et des GAFAM, ces cadres influençant à leur tour les oligarques des partis politiques qui contrôlent ceux qui portent en définitive le chapeau, les politiciens?

Le réalisme des banquiers ne veillerait-il dès lors pas, par simple intérêt économique, à gérer plus intelligemment l’évolution de la société, dont la qualité dépend de la liberté en conscience?

Une injection d’une part de tirage au sort (hors mainmise de l’Etat) des membres de l’appareil d’Etat et la limitation stricte des mandats des oligarques officiels pourraient aussi, également pour la désignation des représentants des banques, constituer une solution transitoire.

5) Remède à long terme

In fine tout dépend de la connaissance, par la société et ses composants, des valeurs présentes en chaque être humain, même de ceux que d’autres jugent pires. On y arrive par l’exercice, par nous tous, de l’éveil de notre conscience personnelle et le dépassement du déni généralisé actuel.

À cet effet, cela peut passer par une piqûre qu’offre un petit ouvrage du soussigné qui vient de paraître: il s’agit d’un choix de pensées philosophiques et politiques en stances classiques, dans la ligne de cet article. Son titre: «du Déni béni au labo du Beau». Il peut être obtenu auprès de son auteur au prix de faveur de 16 francs (au lieu de 19 fr. 50 en librairie), frais d’envoi non compris.

Pierre Santschi, Ing.-phys. EPFL, SIA,
ancien député au Grand Conseil vaudois

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