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Juin 2015
Quoi de neuf sur la planète?
Auteur : Emilie Salamin-Amar

Rien! Les massacres continuent un peu partout dans le monde. La barbarie fait rage, on assassine à coup de sabre, on tue, on viole, on kidnappe. Personne n’est épargné. On peut donc dire qu’après les attentats de Charlie Hebdo et du magasin Super Kasher, rien n’a changé! Alors que les armées occidentales et la Ligue arabe bombardent allègrement la Syrie, l’Irak et tout récemment le Yémen, des touristes venant de différents pays se font tirer comme des lapins en Tunisie, alors qu’ils visitaient le musée du Bardo. N’oublions pas non plus que l’Afrique est à feu et à sang, sans parler de la Libye qui compte ses morts. Donc, une question s’impose: qui est visé et pourquoi?

Difficile de savoir et de comprendre ce qui se passe dans la tête de ces brigades de la mort. Une chose est sûre, c’est que tout un chacun est dans le collimateur de ces tueurs pour peu que l’on n’adhère pas à leur doctrine. Que l’on soit dessinateur, comme les journalistes de Charlie Hebdo, ou que l’on soit un client de supermarché kasher, le destin de ces 17 malheureuses victimes a basculé sans raison précise. Quel point commun y a-t-il entre les touristes du musée du Bardo, les caricaturistes et de simples clients d’un magasin? Apparemment, aucun! En cherchant bien, on peut tout de même relever que la plupart des victimes n’étaient pas des intégristes d’obédience dite musulmane. Ces tortionnaires d’un nouvel âge veulent imposer au monde entier leurs idées, leur vision du monde qui nous paraissent quelque peu moyenâgeuses. A vrai dire, ils rêvent de reconquérir le monde des «infidèles», afin de les soumettre à leur diktat, et restreindre par la même occasion leurs chères libertés.

Lors de la marche pour la liberté d’expression qui s’est déroulée dans toute la France, un seul mot a poussé ces quatre millions de personnes à sortir dans la rue, c’était le mot: liberté. La France a longtemps bataillé pour arriver à inscrire dans sa constitution le droit à la laïcité, c’était en 1905. Ce mot-là, ne signifie en aucun cas que les Français sont des mécréants, et qu’ils n’acceptent aucune religion sur leur territoire, bien au contraire, tout un chacun est libre de croire à sa guise, mais en privé. Cela s’appelle le vivre ensemble. Il me semble que la France est un des rares pays qui fonctionne ainsi, d’où l’incompréhension totale de certains de ses voisins. En France, on se moque de tout, et c’est permis par la loi. En France, on a le droit au blasphème, et ça aussi c’est autorisé par la loi. Pour mémoire, les Français ont commencé à faire des caricatures du temps de Rabelais. L’équipe de Charlie Hebdo n’a donc rien inventé, ni même innové, ses dessinateurs n’ont fait que suivre les traces de leurs prédécesseurs. D’ailleurs, faut-il rappeler que ce fameux journal dont on a parlé dans le monde entier est avant tout un journal satirique. Et lorsque l’on travaille dans ce genre de rédaction, on dessine au gré de l’actualité. Personne n’est épargné, tous y ont droit, hommes politiques ou religieux, quels qu’ils soient. Il me paraît évident que ceux qui se sentent blessés dans leurs convictions religieuses ne sont pas dans l’obligation de le lire, personne ne les force. D’ailleurs, avant l’attentat, qui connaissait Charlie Hebdo? Qui le lisait? Une poignée de franchouillards qui savaient apprécier leur humour, leur dérision et leur coup de crayon bien affûté.

La liberté d’expression et la laïcité sont nos remparts contre l’obscurantisme, contre l’intégrisme de tout bord. En voulant ménager les susceptibilités des uns et des autres, attention de ne pas glisser vers l’autocensure et la soumission à une quelconque autorité cléricale. Ce serait vraiment dommage de faire un tel retour en arrière.

Alors, que peut-on faire? Peut-être que les Etats devraient mieux choisir leurs amis, et cesser par la même occasion de faire passer les accords commerciaux avant les vies humaines. Gagner de l’argent, c’est bien, mais laisser vivre les peuples en paix, c’est mieux! Faudra-t-il attendre qu’il y ait combien de morts pour que l’on réagisse? Qui peut me dire où se situe la limite?

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