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Juin 2006
Les créateurs du monde de demain
Auteur : Dominique Fellay

Le thème de l’école est un sujet à la mode. Les uns rêvent d’une école qui ressemblerait à celle qu’ils ont connue et qui rassure. Les autres prônent des méthodes nouvelles adaptées à notre société, à nos enfants, au progrès.

Je n’entrerai pas dans ce débat. Je ne veux pas parler de l’école mais des enfants, des petits hommes qui feront le monde de demain. Ces nouveaux habitants de la Terre pour qui le chemin, quel qu’il soit, passera inévitablement par l’école. Je veux leur faire confiance, je veux croire qu’ils changeront le monde.

Je refuse d’acquiescer à une école, quelle qu’elle soit, qui aurait l’arrogance de vouloir «fabriquer» des jeunes adultes à sa convenance. Je refuse de collaborer au formatage des ribambelles de travailleurs pour «nos» entreprises, héritage empoisonné que nous continuons de brandir comme seul but à atteindre.

Je veux être à l’écoute de ces enfants qui ont soif de connaissances et de découvertes. Je veux faire de ma classe un lieu de rencontre: rencontre avec soi-même, où découvrir sa force, sa puissance créatrice; rencontre avec l’autre qui me ressemble et qui est singulier; et rencontre avec le monde qui change tous les jours et dont nous sommes responsable.

Un laboratoire où modeler, tailler, pétrir, peindre, tisser, chanter, lire, écrire, compter, parler, écouter, coopérer sont des moyens indispensables pour travailler à devenir des êtres humains conscients de leur pouvoir singulier au profit d’une collectivité.

Je veux croire en ce petit bout d’homme qui a débarqué un jour de fin d’été, apeuré, crispé, tendu, baragouinant un langage incompréhensible et qui s’est littéralement déployé au fil des mois en travaillant d’une manière acharnée en suivant son propre chemin et qui m’a dit un jour en brandissant son bonhomme de papier: «Je suis fier de moi!». J’étais fière aussi de lui avoir fait confiance et je veux persévérer en sachant attendre, comme dirait Prévert dans son poème Pour faire le portrait d’un oiseau:

(…) Attendre que l’oiseau entre dans la cage et quand il est entré fermer doucement la porte avec le pinceau puis effacer un à un tous les barreaux en ayant soin de ne toucher à aucune des plumes de l’oiseau (…)

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