Logo Journal L'Essor
2024 2023 2022 2021 2020 2019 2018
2017 2016 2015 2014 2013 2012 2011
2010 2009 2008 2007 2006 + 100 ans d'archives !
Rechercher un seul mot dans les articles :
Article suivant Numéro suivant
Numéro précédent Article précédent   index de ce numéro

Octobre 2019
Catastrophe climatique: le piège des mots
Auteur : François Iselin

La catastrophe climatique ne cesse de se confirmer alors qu'aucune mesure concrète n'est prise par le système producto/destructiviste et les Etats qui le perpétuent. Quant à la population apathique, elle se délasse sur les plages comme à la veille de la déclaration de la Deuxième Guerre mondiale, à la différence qu'aujourd'hui elle a rejoint ces plages en voiture ou avion en en ignorant les conséquences. Comment expliquer cette indifférence, si ce n'est par la novlangue – ou anti-langage – imposée par les médias et leurs sponsors pour dissimuler la gravité de cette catastrophe, sans précédent dans l'histoire de l'humanité, la rendant ainsi abstraite et improbable. Prenons, un à un, les termes de la logorrhée officielle:

1. «Changement climatique»? Un doux euphémisme permettant de rassurer les consommateurs qui seraient tentés de bouder, voire de boycotter, le marché florissant des polluants atmosphériques. Car il ne s'agit nullement de changement, comme on changerait d'heure ou de saison, mais bien d'une catastrophe atmosphérique imminente.

2. «L'effet de serre»? Qui peut comprendre ce phénomène énigmatique? Les vérandas vitrées d'antan ayant disparu des architectures actuelles, bien peu d'habitants peuvent éprouver que le soleil hivernal chauffait ces serres à des températures supérieures à l'air ambiant. Seuls les inconscients qui oublient des enfants dans leurs voitures en plein soleil constatent, terrifiés, la cause de leur mort… l'effet de serre précisément!

Expliqué en deux mots, l'effet de serre est un phénomène atmosphérique complexe qui a permis de maintenir la Terre à une température adéquate. La Terre étant soumise à un intense rayonnement thermique solaire, cet apport d'énergie est régulé naturellement par une sorte de filtre qu'est l'atmosphère terrestre. Ce filtre joue le rôle d’«isolant thermique» de la Terre, ce qui l'empêche de se refroidir (à –18°C!). Mais lorsque cette «isolation» est augmentée, la Terre se réchauffe dangereusement. C'est ce qui a lieu lorsque des gaz à effet de serre, saturant l'atmosphère, l'empêchent de se refroidir. Pour être compréhensible, le terme d'effet de serre doit être remplacé par effet d'étuve.

3. «Le CO2 ou gaz carbonique» est un terme énigmatique que la population ne connaît que pour l’avoir lu sur les étiquettes de bouteilles d'eau «minérale», un gaz qui rend les boissons pétillantes et au goût agréable. Comme ce redoutable gaz à effet de serre, produit par la combustion de carburants ou de combustibles fossiles, se concentre dans l'atmosphère, milieu que l'on ne perçoit que lors de voyages en avion, mais qui est transparent, comment pourrait-on déceler son altération? Pour être explicite, le terme de CO2 doit être remplacé par gaz mortel. Puisqu'en s'accumulant dans l'atmosphère, il transforme la Terre en fournaise inhabitable.

4. «Dérèglement climatique»: encore une expression trompeuse! Car elle n’évoque qu’un désordre naturel du climat, désordre qu’il suffirait de corriger comme une montre qui se dérègle. Or, tel n’est pas le cas puisqu’au contraire ce désordre est sciemment entretenu par l’économie fossile. Le terme plus explicite serait catastrophe planétaire.

L’excès du langage est un procédé coutumier à celui qui veut faire diversion.
– François Mitterand

5. «Réduire nos émissions de gaz à effet de serre». Encore une expression hypocrite et fallacieuse! Ces émissions de CO2 et autres gaz mortels nous ont été imposées par les marchands de produits émetteurs de ces gaz. Les Etats, incapables de prendre cette menace au sérieux, implorent alors les habitants de réduire «leurs» émissions de CO2! Mais comment pourraient-ils se passer de voitures et de chauffage, irremplaçables faute d'alternatives. Plus encore, comment oseraient-ils boycotter les industries polluantes, les transports de marchandises par cargos et camions ou avions, les entreprises de bétonnage, les mafias de la déforestation, les éleveurs d'animaux de boucherie, principaux responsables d'émissions des redoutables gaz à effet de serre? Nous subissons une consommation forcée imposée par les multinationales du charbon, pétrole et gaz, mais aussi par les promoteurs de l'industrie nucléaire qui émet indirectement son lot de CO2. Eh oui!

Le langage est-il l’expression adéquate de toutes les réalités?
– Nietzsche

En conclusion, le verbiage relatif à la catastrophe annoncée ne permet pas aux personnes de comprendre ce dont il est question. Cela d'autant moins qu'ils apprennent que les jeunes lanceurs d'alerte climatique sont blâmés par leurs Etats et même réprimés. Mais le scepticisme de leurs aînés est confirmé lorsqu'ils apprennent que malgré les alarmes des institutions internationales dont le GIEC (groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), rien de concret n'est entrepris pour sauver la planète. La population a donc toutes les raisons de se méfier des discours officiels et de refuser d'en tirer les conséquences, soit de se mettre en grève contre la consommation, le travail et les loisirs écotoxiques!

Le seul message intelligible et efficace serait que l'industrie mondiale soit astreinte de cesser d'épuiser les dernières ressources fossiles et qu'elle démantèle toutes ses activités émettrices de gaz mortel. Seule la pénurie qui s'ensuivrait pourrait éveiller les consciences et éviter ainsi la disparition des espèces vivantes, dont l'humanité! Et tant pis pour la voracité des consommateurs invétérés puisqu'il en va de leur propre survie!

François Iselin

Espace Rédaction    intranet
© Journal L'Essor 1905—2024   |   Reproduction autorisée avec mention de la source et annonce à la Rédaction  |       Corrections ?