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Juin 2018
De la violence
Auteur : Chistiane Betschen

L’actuelle vague de libération de la parole féminine sur les violences faites aux femmes m’a amenée à quelques réflexions sur la violence en général.

Tout d’abord, définir la violence comme toute forme d’utilisation de la force ou du pouvoir qui exerce une contrainte physique ou psychique sur autrui. Les violences peuvent se manifester de façon plus ou moins visible. Les plus visibles, ce sont celles qui sont généralement dénoncées dans les médias. Mais les violences peuvent s’exercer sournoisement, et c’est bien souvent les plus graves, elles peuvent tuer aussi…

Je vais parler de la violence dans notre monde occidental, je ne me risquerai pas d’aller juger ce qui est violent ou non dans d’autres civilisations, il y a déjà assez à dire chez nous! Et je me limiterai à l’actualité. Il y a toujours eu de la violence dans notre culture, mais j’ai l’impression qu’elle s’exerce différemment, de façon moins visible et plus généralisée.

Certes, il y a de la violence très visible, et qui ne fait l’objet d’aucune répression. Sur nos écrans par exemple, il y a une violence célébrée. On ne peut ouvrir la télévision, à n’importe quelle heure du jour sans voir un dessin animé (souvent destiné à des très jeunes) où des monstres se tapent dessus ou s’entretuent, et si le récit n’est pas violent en soi, c’est le style du dessin qui l’est, tout en angles aigus avec des couleurs criardes. Et la plupart des films à succès, que ce soit en salle ou à la télévision, font la part belle aux coups de feu, aux scènes d’horreur avec leurs blessés et leurs morts bien en vue. Cela sert certainement à banaliser la violence, ce qui arrange probablement certaines hautes sphères du pouvoir!

En général, chacune des riches puissances industrialisées prône un mélange de libéralisme et de protectionnisme, conçu dans l'intérêt des forces dominantes et en particulier des sociétés multinationales domestiques qui doivent diriger l'économie mondiale. Le résultat serait de limiter les gouvernements du tiers-monde au rôle d'une police qui doit contrôler leurs masses laborieuses et leur population superflue, pendant que les multinationales ont librement accès à leurs ressources et monopolisent les technologies nouvelles ainsi que les investissements et la production planétaires.
– Noam Chomsky

Car, où je veux en venir, c’est parler de cette violence qui s’exerce quotidiennement par les puissants, souvent puissants de par leur fortune qui se compte par milliards. Prenons l’exemple des multinationales. Leurs décisions sont prises dans des bureaux à l’ambiance agréable par des gens à l’air aimable. Leurs décisions, basées sur le profit, tuent peu à peu des milliers de gens chaque année par toutes sortes de pollutions. Pollutions par les modes d’extractions des métaux dans les mines, pollutions par les produits chimiques répandus dans l’agriculture, pollutions par les médicaments que les gens sont poussés à ingurgiter… pour en citer quelques-unes dont la population est victime. Et, plus encore que les humains, c’est la nature tout entière qui est blessée, tous les écosystèmes sont menacés. On les dénonce, mais le plus souvent on en reste là!

Pourquoi en reste-t-on là? parce que ces mêmes multinationales ont pris le pouvoir sur les États. Leurs représentants se sont bien placés dans le monde politique. Un bon exemple en Suisse: les grandes compagnies d’assurance qui font la pluie et le beau temps dans notre petit pays où chaque citoyen se voit obligé de payer des primes d’assurance maladie beaucoup trop élevées, alors qu’une assurance étatisée leur coûterait beaucoup moins cher. Cela se démontre avec l’ECA vaudoise, qui assure obligatoirement tous les bâtiments contre le feu et les dégâts naturels, à des taux bien inférieurs à ce que les assurances privées coûtent dans d’autres cantons. Les assurances maladie privées doivent gratifier leurs actionnaires aux dépens des malades, et de ceux qui les soignent aussi.

Les gens ne sont pas tous résignés à ces formes sournoises de violence. Il y a des mouvements d’opposition, qui vont de la pétition à la manifestation de rue. Souvent, les manifestations sur la voie publique causent des désordres, voire de la violence, alors celle-ci est vite réprimée et dénoncée. Les média, suivant en cela la police, vont parfois jusqu’à la qualifier de «terrorisme». Un «terrorisme» visible, avec des dégâts matériels, parfois des morts et des blessés! Mais quoi en comparaison avec les dégâts causés par les pouvoirs multinationaux dont il est question plus haut?

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