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Août 2016
Quelle égalité au sein de l’Église catholique ?
Auteur : Anne-Lise Lagger

Lorsqu’il m’a été demandé un article sur l’égalité entre femmes et hommes, mon interrogation s’est portée sur le rôle de l’Église catholique, très hiérarchisée, avec à sa tête un pape décrété pas moins que saint et dans laquelle les hommes détiennent les rôles de pouvoir. Quels archétypes de la femme une telle Église véhicule-t-elle?

Hypocrisie de l’Église catholique

Jean-Paul Marchand, philosophe et auteur de «La femme, l’avenir de l’homme», se demande pourquoi les évêques, s’ils se penchent enfin sur le divorce et les homosexuels, n’en font pas autant sur la question beaucoup plus importante du rôle de la femme dans l’Église. Constatant que cela est d’autant plus universel ou «catholique» puisqu’elles représentent plus de la moitié de l’humanité. Il constate que le catholicisme ne se distingue malheureusement pas des autres religions sur ce chapitre, qui véhiculent le même genre d’hypocrisie injustifiable et il fait remarquer que Jésus était entouré de plusieurs femmes. Les évêques lui font penser à ces pharisiens que Jésus a critiqué dans le Nouveau Testament, à qui il reprochait de s’accrocher aux lois à la lettre, plutôt que de manifester une ouverture d’esprit et d’humanisme envers les gens. En conclusion J.-P. Marchand considère que «La discrimination contre la femme est peut-être le crime contre l’humanité le plus dramatique et le plus répandu.» L’Église serait certainement plus ouverte et dynamique si les femmes avaient les mêmes droits que les hommes. Ce serait un signe de renouveau qui ferait rebondir la pratique religieuse, aujourd’hui en déclin.

Ils sont au pouvoir, elles sont au service

C’est le sous-titre du livre «Le Déni» coécrit par Alice Chablis et Maud Amandier. L’élément déclencheur qui a amené Maud Amandier à écrire ce livre a été «l’affaire de Recife en 2009 qui concerne une enfant violée et enceinte, dont la mère et le médecin qui a pratiqué l’intervention volontaire de grossesse ont été excommuniés». Les auteures, qui écrivent sous des noms d’emprunt, ont voulu lever le voile sur des questions taboues qu’elles se posaient et auxquelles l’Église ne répond pas. Comment l’Église a-t-elle développé le concept de la virginité de Marie? Pourquoi les femmes n’ont-elles pas accès au clergé? Pourquoi imposer le célibat aux prêtres?

Jusqu’ici les possibilités de la femme ont été étouffées et perdues pour l’humanité et il est grand temps dans son intérêt et dans celui de tous qu’on lui laisse enfin courir toutes ses chances. Françoise Giroud

Se basant essentiellement sur les discours et les écrits des papes, de Grégoire XVI au pape François, elles dénoncent «l’exclusivité du pouvoir masculin dans l’Église, la supériorité du masculin sur le féminin et l’infériorisation des femmes.» Un exemple parmi d’autres concerne la figure de Marie, «un modèle impossible, car vierge et mère s’excluent l’une l’autre» mais qui «reste pourtant l’archétype de la dignité de la femme pour l’institution.» Elles constatent que si Jean-Paul II a consacré une cinquantaine de sujets d’audiences pontificales à Marie et toute une encyclique sur la dignité de la femme, il n’a rien écrit sur la dignité de l’homme ni autant de sujets d’audiences papales sur Joseph. S’il parle d’une humanité féminine, il ne parle pas en parallèle d’une humanité masculine. Et alors qu’il affirme que le salut dépend du «mystère de la femme»: vierge-mère-épouse. Il fait peser sur les épaules des femmes une tâche un peu lourde, alors qu’il ne propose pas aux hommes le même triple rôle de «puceau-père-époux.» Les deux auteures dénoncent également la culture du secret et les mensonges, notamment liés à la pédophilie. L’effort des évêques de cacher ces crimes explique l’ampleur des scandales quand ils sont révélés. L’institution qui se veut gardienne des moeurs a systématiquement protégé ses prêtres sur cette question.

En conclusion elles estiment que cette impossibilité de l’Église d’accompagner les progrès des sciences et du droit, d’intégrer les questions et les efforts du monde, vient d’un pouvoir masculin qui s’origine en Dieu et qui, par conséquent, ne se remet pas lui-même en question.

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