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Décembre 2013
Chantage et mensonges
Auteur : Rémy Cosandey

Le 24 novembre dernier, les électrices et électeurs suisses étaient appelés à se prononcer sur trois objets. Rarement, campagne a été autant marquée par le chantage, les mensonges et les omissions.

L’initiative 1:12 tout d’abord. Au lieu de dénoncer (ou pour le moins de regretter) les salaires indécents de quelques dirigeants (certains d’entre eux gagnent 20 fois plus qu’un conseiller fédéral et 200 fois plus que leurs ouvriers), les partis de droite ont usé une fois de plus du chantage: si vous voulez limiter les salaires, les entreprises vont délocaliser à l’étranger. Le mensonge aussi: l’Etat veut introduire un diktat sur les salaires.

Le référendum sur le prix de la vignette a aussi donné lieu à un chantage inadmissible, cette fois de la part des autorités fédérales: si vous ne votez pas l’augmentation, certains tronçons ne seront pas construits. Le débat a par ailleurs mis en évidence l’égoïsme de certains adversaires. Un fumeur qui dépense 250 francs par mois pour un paquet de cigarettes par jour trouve excessive l’augmentation. Il en est de même pour une personne qui m’a dit avoir assisté avec son épouse à un concert dont la place valait 390 francs. Une soirée (avec le repas et le déplacement) à 1000 francs, c’est acceptable, la vignette annuelle à 100 francs ne l’est pas! Seuls certains écologistes sont cohérents puisqu’ils s’opposent à l’augmentation de la vignette en dénonçant l’accroissement du trafic routier.

Dans le canton de Neuchâtel, c’est le même scénario: si l’extension des heures d’ouverture des magasins n’est pas acceptée, il n’y aura pas de convention collective pour le personnel de la vente. Mais quelle convention collective puisque Unia a négocié un salaire minimum au-dessous de 3500 francs par mois alors que le même syndicat réclame 4000 francs par une initiative fédérale?

La chenille

Le travail mène à la richesse
Pauvres poètes, travaillons!
La chenille en peinant sans cesse
Devient le riche papillon.

— Guillaume Apollinaire

Malgré l’appui unanime des partis de droite, des partis de gauche et de tous les syndicats, l’extension des heures d’ouverture des magasins n’a recueilli que 61% des voix. Certains feraient bien de se demander pourquoi le fossé s’élargit entre les élites et le peuple et pourquoi 35% des ouvriers votent pour l’UDC qui est pourtant le parti le plus anti-ouvrier du pays.

Toujours dans le canton de Neuchâtel, où le peuple a accepté l’introduction d’un salaire minimum, le Conseil d’Etat, à majorité socialiste, propose un salaire de 3640 francs par mois. Et qui crie qu’il est impossible de vivre avec cette somme? Le syndicat Unia! Comment prendre au sérieux un syndicat dont une main ignore ce que fait l’autre…

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