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Avril 2013
Le Bon, la Brute et le Truand
Auteur : Rémy Cosandey

En pensant à l’actualité de ces dernières semaines, le titre d’un film de Sergio Leone me revient à l’esprit: Le Bon, la Brute et le Truand.

Le bon, c’est Stéphane Hessel qui vient de s’en aller discrètement à 95 ans. Durant toute sa vie, il a inlassablement lutté pour la cause de la paix, contribuant notamment à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Sur le tard, il a écrit un manifeste, petit par sa taille mais immense par son tirage et son message, intitulé Indignez-vous! En une vingtaine de pages, il a su réveiller nos consciences et nous montrer que nous devions nous battre contre la dictature et l’injustice. Les révolutions arabes (qui ont malheureusement été récupérées et dénaturées par les mouvements islamistes intégristes) ont d’ailleurs repris plusieurs slogans de lui.

La brute, c’est Giuliano Bignasca (paix à ses cendres!) fondateur et président à vie (!) de la Lega tessinoise. Pendant toute son activité, il a vilipendé les politiciens des autres partis, faisant des amalgames douteux et s’appuyant à la fois sur la démagogie et la xénophobie. Il n’a cessé de flatter les plus bas instants de l’être humain et s’est toujours conduit grossièrement, aussi bien dans son canton du Tessin qu’à Berne où il a siégé en tant que conseiller national.

Le truand, c’est Silvio Berlusconi. Dans le journal Marianne, Elie Barnavi parle de lui en soulignant que c’est un repris de justice. Cela ne l’a pas empêché de récolter près de 30% des voix lors des récentes élections italiennes. Ce qui est tout aussi grave, c’est d’entendre un Italien de Genève, interrogé par la télévision, dire: «Je vote pour Berlusconi car c’est le moins pire!» De quoi dégoûter tous les politiciens honnêtes (et ils sont nombreux) qui s’engagent sans arrière-pensées au service de la collectivité. Mais écoutons encore Barnavi: «En démocratie, on a toujours le gouvernement qu’on mérite».

Les journaux suisses ont beaucoup parlé de Giuliano Bignasca et de Silvio Berlusconi. Ils n’ont en revanche consacré que quelques lignes à Stéphane Hessel. Conclusion: il vaut mieux être une crapule qu’un honnête homme pour avoir une bonne place dans les médias.

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