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Avril 2011
Extraction minière: un business indigeste
Auteur : Œuvres d’entraide

La demande mondiale en ressources minières, indispensables à la fabrication des téléphones portables et autres appareils électroniques, amènent une nouvelle forme de colonialisme. Les entreprises du secteur de l'industrie extractive pillent les sous-sols des pays riches en matières premières. Une étude menée par Action de Carême et Pain pour le prochain montre, par l'exemple de Glencore International AG, les problèmes que suscite l'exploitation des richesses minières en République démocratique du Congo. Au Conseil fédéral maintenant d'agir pour que les multinationales assument leurs responsabilités.

Au moins un téléphone portable sur quatre en Suisse se compose de minerais provenant des mines du Congo. Un pays qui, au vu de ses ressources en or, en diamants, en cuivre et d'autres richesses minières, possède l'un des sous-sols les plus riches du monde. Pourtant, la plus grande partie de la population y vit dans une pauvreté extrême.

Le directeur du Centre d'étude pour l'action sociale (CEPAS) raconte: «Nombre de personnes au Congo pensent trouver le salut dans le secteur de l'extraction minière et cherchent un emploi dans les mines. Pourtant, le revers de la médaille de cette ‘ruée vers l'or' est désastreux: des conditions de travail inhumaines, des villages entiers complètement rasés et aucune sécurité dans les mines».

Les entreprises des secteurs de l'extraction des mines profitent de l'absence persistante de structures étatiques pour s'enrichir sans aucun scrupule. Glencore s'est assuré au Congo l'acquisition de concessions de grande valeur pour une bouchée de pain. Une étude révèle des violations graves des droits humains, le non-respect des conventions internationales du droit du travail et de nombreuses atteintes à l'environnement.

«Au-delà des belles paroles, Glencore n'a mis en place aucune politique crédible de responsabilité sociale. Ce qui est absolument scandaleux de la part de l'une des entreprises suisses les plus importantes» résume Chantal Peyer, responsable de politique du développement à Pain pour le prochain. Au manque de structures étatiques au Congo, la Suisse doit répondre par des règles juridiques renforcées.

Par le biais d'une pétition, Pain pour le prochain et Action de Carême, en collaboration avec être partenaires, demandent au Conseil fédéral d'exiger des multinationales qui ont leur siège en Suisse le respect de leur responsabilité sociale. Lucrezia Meyer-Schatz, conseillère nationale et présidente du Forum de fondation d'Action de Carême, explique: «Les multinationales doivent mieux assumer leurs responsabilités». Il doit s'installer en Suisse un dialogue sur la nécessité d'une plus grande cohérence entre la .politique étrangère de la Suisse et sa politique économique. Par ailleurs, il est indispensable que les entreprises publient ouvertement les transactions financières qu'elles opèrent pour chaque pays dans lequel elles sont actives. Des pratiques d'évasions fiscales nuisibles privent chaque année les pays du sud de plus de 50 milliards de dollars: des moyens indispensables à leur développement qui ne font que renforcer l'exploitation.

Pour les communautés locales, il en va de leur droit fondamental à se nourrir: «L'exploitation sans scrupule des richesses du sous-sol augmente considérablement le nombre de personnes qui souffrent de la faim. Ce qui est particulièrement vrai au Congo, où la majeure partie de la population vit de l'agriculture» souligne Beat Dietschy, secrétaire central de Pain pour le prochain.

Bien plus que de diaboliser les appareils électroniques, la campagne veut sensibiliser le citoyen et lui proposer des moyens d'action concrets, par le biais par exemple de la pétition lancée dans le cadre de cette campagne.

L'intervention de Lucrezia Meyer-Schatz lors de la conférence de presse donnée par les organisations concernées mérite d'être résumée: «La Suisse est le pays où le rapport entre le nombre de multinationales et le nombre d'habitants est le plus élevé. Les entreprises sont d'ailleurs toujours plus nombreuses à élire domicile en Suisse. Certaines d'entre elles ont aussi parfois des agissements peu clairs en matière de droits humains. Qu'est-ce qui rend notre pays si attrayant pour ces entreprises?

En premier lieu, la législation suisse autorise les entreprises transnationales à transférer en Suisse les bénéfices réalisés à l'étranger, sans devoir payer des taxes sur ces montants. En second lieu, il n'y a pour ainsi dire pas de réel effort politique en Suisse pour demander des comptes aux multinationales.

Quelles sont les revendications de la pétition adressée au Conseil fédéral? Que peut faire celui-ci? D'une part, il peut veiller à la transparence des flux financiers. D'autre part, il peut engager davantage la responsabilité juridique de la direction des entreprises.

(…) Action de Carême et Pain pour le prochain ne sont pas seuls dans leur effort: en Suisse, une vaste coalition d'organisations non gouvernementales, de syndicats, d'organisations écologistes et d'associations de défense des droits humains est également active dans ce domaine.

Les conditions attrayantes que la Suisse offre aux multinationales d'un point de vue fiscal et juridique engagent également sa responsabilité politique. Les mineurs du Congo, les couturières des Philippines et les riverains des usines de chimie de Colombie vivraient mieux si notre pays assumait cette responsabilité
».


Résultats de l'étude, texte de la pétition et photos: www.droitalimentation.ch/medias

 Action de Carême, Grammont 7, 1007 Lausanne. Pain pour le prochain, Grammont 9, 1007 Lausanne.

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