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Février 2011 °
Le commencement du monde
Lu par : Edith Samba

Le commencement du monde

vers une modernité métisse

Jean-Claude Guillebaud, Seuil, collection Point, 2008

Après avoir passé en revue l'histoire des grandes civilisations, l'auteur étudie les quatre derniers siècles d'hégémonie occidentale se présentant comme le centre organisateur du monde. Soumettant les vaincus et provoquant leurs adhésions, peuples à la fois dupés et convertis, dominés et émancipés, l'Occident marque le monde par son effet de puissance et son exceptionnel rayonnement. J.-C. Guillebaud conçoit les civilisations plutôt comme des séquences historiques parce qu'en mutation permanente et que de parler choc, ou dialogue, des cultures part de l'a priori qu'elles sont immuables…

La grande transformation contemporaine ressemble à divers basculements, comme à la fin de l'Empire romain ou au départ de la Renaissance, fin d'une séquence et début d'une autre, avec son lot de peurs et d'espérances. Rien ne sert de se lamenter, même si l'on passe immanquablement par une phase de désordres sans que ce soit pour autant la fin du monde.

Si le colonialisme occidental reste un crime contre l'humanité, parce que niant ses propres valeurs humanistes, il en aura aussi été le messager, incarnant la modernité, l'accès à l'universel et au progrès qui ne pouvait passer que par la civilisation occidentale.

Aujourd'hui, l'ancien Centre rétrécit et vieillit, concurrencé sur son propre modèle économique. J.-C. Guillebaud développe de nombreux arguments fort intéressants, comme le principe de réverbération, où la «métis», ruse intelligente, se présente comme l'arme du faible qui permet de résister, voir de renverser les rapports de force. Horace disait: «La Grèce vaincue a vaincu son farouche vainqueur». Aujourd'hui, de par l'hybridation culturelle, il est difficile de distinguer ce qui vient des uns ou des autres… une sorte de créolisation du monde, ou autrement dit, apparition d'une modernité «autre» à la fois prolongement de l'ancienne modernité occidentale et rupture avec son occidentalo-centrisme.

Comme disait Thomas Mann: «Une civilisation naît au moment où les hommes sans génie croient qu'elle est perdue». Autant dire, une lecture passionnante…

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