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Août 2007
Europe, continent en déclin ?
Auteur : Mousse Boulanger

«L’Europe avait été jusqu’ici le foyer de la culture occidentale. Laminée désormais entre ces deux colosses que sont les États-Unis et la Russie, elle conserve sans doute sa vitalité intellectuelle et créatrice, mais la capacité de réalisation lui fait défaut. Notre civilisation ne risque-t-elle pas de changer de caractère?»

A. Siegfried, sociologue, In: Âme des peuples

Si l’Union européenne a permis une certaine unification économique et monétaire concrétisée par la monnaie unique, l’euro, il faut reconnaître que le niveau de vie entre l’Europe occidentale et l’Europe orientale est encore loin d’être identique. Même si elles sont sensées ne plus exister, les frontières productives de progrès sont bien réelles, en témoignent les flux migratoires incessants.

Par contre, la création artistique a depuis belle lurette essaimé à travers tous les territoires européens. Cinéma, musique, danse, littérature, poésie, télévision, mode, art culinaire sont des modèles d’échanges qui peu à peu imprègnent les mentalités. C’est ainsi que les peuples qui sont restés longtemps dans l’ignorance l’un de l’autre se découvrent. Ils apprennent à connaî-tre d’autres goûts, d’autres philosophies, d’autres cultures, le tout aussi riche, aussi étonnant et parfois déroutant, d’une part que de l’autre. C’est là une nouvelle approche de l’émerveillement, de la tolérance. Par bonheur, les arts passent toutes les barrières sans avoir besoin d’être canalisés par des lois et des décrets. Il faut bien reconnaître qu’ils n’ont pas attendu l’Union européenne pour circuler sans passeport à tra-vers notre continent.

Pourquoi, alors, ce sentiment d’inachevé, d’incomplet, de malaise, face à cette Europe naissante? Les politiciens, maîtres des destins des nations, se sont focalisés sur l’économie, le développement, la finance. On dirait qu’ils n’ont pas eu le temps, ou qu’ils n’ont pas vu, qu’ils n’ont pas entendu la peine, les difficultés quotidiennes auxquelles sont de plus en plus confrontés les peu-ples. Quand je dis peuples, j’entend par là la population, celle qui se lève tôt le matin pour gagner son pain, pour payer la location d’un logement, d’un lieu pour vivre avec une famille. Sans l’ombre d’une honte, on annonce des profits par milliards, alors que la pauvreté, comme une vilaine tache d’huile, s’étend, gagne des couches qui, jusqu’ici, se maintenaient en équilibre financier. Depuis une dizaine d’années les mendiants tendent une main souvent restée vide, les colporteurs frappent à nouveau à nos portes, les chômeurs et chômeuses vont à la soupe populaire. Europe, belle mortelle, lorsque Zeus fou d’amour t’a emportée sur son taureau blanc, qu’as-tu fait de l’esprit de fraternité, de solidarité? Cet esprit qui a entraîné des foules qui connaissaient en-core le sens de l’entraide, au siècle passé. Pourquoi est-il aujourd’hui gommé du langage et des préoccupations des gouvernements européens? Le mot «bénéfice» a pris une telle ampleur qu’il résonne quotidiennement dans nos oreilles, jusqu’à se graver dans nos cerveaux comme l’unique but à atteindre.

Europe où me mènes-tu? Parfois je te rêve unie, épanouie, heureuse, et surtout consciente de tes richesses multiculturelles, créatrice d’une conscience sociale que tu fais résonner sur tout l’univers.

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