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Décembre 2006
Je mise sur l’avenir
Auteur : Emilie Salamin-Amar

Tout le monde devrait apprendre et ce, dès l'enfance, qu'il est souhaitable d’envisager l’avenir en ayant d'autres perspectives d’épanouissement que le marché, l'entreprise ou la compétition, que ce soit au niveau de l’école, du sport ou de la vie personnelle des individus. Il y a d'autres modes de vie que ceux de la production effrénée, de la consommation à outrance et de la performance qui actuellement symbolisent la réussite sociale par excellence.

«La pierre n’a point d'espoir d’être autre chose que pierre. Mais de collaborer, elle s’assemble et devient temple.» Antoine de Saint-Exupéry

Éduquer est un geste grave, donc responsable, qui peut être porteur de lourdes conséquences. Eduquer c’est préparer la relève d’une jeunesse qui occupera demain des postes clés à tous les niveaux de la société. Eduquer, c’est donc prévoir l’évolution dans tous les sens du terme allant de la technologie au développement ou les changements des comportements des êtres humains. Éduquer, c’est donc faire un pari sur l’avenir en essayant de prendre en compte tous les facteurs inconnus. Il n’y a pas de réponses simples à ce sujet, car ce qui est véritablement en jeu c’est la nature même du genre d’éducation que l’on veut donner aux générations montantes. Difficile d’anticiper ou de se projeter dans l’avenir quand on sait qu’un jeune d’aujourd’hui entrera sur le marché du travail vers l’âge de trente ans. Comment savoir à l’avance si l’éducation distillée aujourd’hui est porteuse d’espoirs pour l’avenir ou si elle va engendrer des erreurs voire des échecs?

Lorsque l’on pense éducation, cela correspond au dur labeur d’imaginer, de construire un idéal d’un avenir commun, une sorte de mode d’emploi de la vie à appliquer à tous, de préférence. C’est une sorte de pari sur la raison, l’avenir et la connaissance afin de mieux vivre ensemble à condition que la liberté et la paix soient au rendez-vous au calendrier de l’histoire. C’est également parier sur un progrès collectif, c’est tenter d’offrir à tous l’égalité des chances par le biais de l’éducation, c’est miser sur un avenir partagé et consenti par tous pour un idéal de vie en commun.

L'école devrait être une sorte de sanctuaire, elle devrait être à l'abri des influences extérieures liées au commerce, elle devrait être un espace liberté pendant ces quelques années privilégiées consacrées aux études. Elle devrait pouvoir offrir à tous la possibilité et le privilège, pour ne pas dire le luxe, de penser librement. Elle devrait avoir pour vocation première d’offrir à chacun une croissance morale et intellectuelle afin de tenter de «fabriquer» une nouvelle chaîne humaine librement consentante de s’associer aux uns et aux autres sur une base égalitaire afin de commencer enfin à construire un monde dans lequel l’ignorance serait minoritaire, et pourquoi pas, en voie de disparition. Reste à savoir si la société actuelle redoute de telles mutations et si elle est prête au changement. Seul l’avenir nous le dira!

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