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Août 2006
Les Yes Men : dénoncer les dérives par l’absurde
Auteur : Edith Samba
Les valeurs de l'essor
L'ouverture à la créativité

L’aventure des Yes Men commence en 1999 en installant, deux semaines avant le Sommet de Seattle, un vrai faux site officiel de l’OMC (Organisation mondiale du commerce). Ils répondent aux questions des ministres et juristes de tous pays qui n’y voient que du feu. Par la suite, ils réussissent à se faire inviter officiellement dans des conférences internationales, en grossissant volontairement jusqu’à l’inadmissible le trait du néolibéralisme et rendent public l’incroyable manque de réaction et la crédulité inquiétante d’acteurs économiques mondiaux devant des thèses et des discours grotesques et tout bonnement révoltants du point de vue des droits de l’homme. Relatant une ultime conférence, les Yes Men font, au nom de l’OMC, un mea-culpa, annonçant la fin de l’OMC sous sa forme actuelle et la création de l’ORC (Organisation de régulation du commerce) pour rechercher le bien-être de l’homme et non plus celui des entreprises! Les réactions des experts, extrêmement surpris dans un premier temps, furent riches en enseignements.

Avec d’autres interventions, comme Dow Chemicals par exemple, propriétaire d’Union Carbide, connu de sinistre mémoire par la catastrophe de Bhopal, ces deux facétieux militants Andy Bichelbaum et Mike Bonanno pratiquent ce qu’ils appellent la «correction d’identité» ou l’art de caricaturer et de détourner le discours des vrais imposteurs qui nous gouvernent par amplification des discours de l’univers financier et entrepreneurial. Cherchant le point de rupture entre le cynisme mercantile et la dérision, leur objectif est de dénoncer les entreprises qui, sous le couvert de la loi, détournent celleci au détriment des travailleurs ou des consommateurs.

Leur méthode consiste à se faire passer pour ceux qu’ils dénoncent et tout particulièrement des cadres dirigeant d’entreprises, membres d’organisations internationales économiques afin de dénoncer par l’absurde les dérives du système. «Le sens de notre travail est de montrer les effets pervers de la globalisation en la présentant sur un mode sans doute plus honnête et plus franc que la manière dont elle est présentée par ceux qui la promeuvent. Ce qui est incroyable, c’est que le public fait un accueil presque toujours enthousiaste à nos thèses, quel que soit leur caractère absurde, cruel ou offensant».

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